« Dilma, laissez-moi vous dire quelque chose! » : le post du Dr Fernanda Melo a fait le tour d’Internet l’an dernier. Cette généraliste a interpellé Dilma Roussef sur les réseaux sociaux pour lui décrire son travail loin des grandes villes, sur la côte, à Cabo Frio.
« Vous ne savez pas ce que j’ai vu et vécu ». Et la généraliste d’énumérer les gants jetables recyclés, les médicaments achetés avec son propre argent, les heures d’attente pour un simple test sanguin, l’infirmerie archi-encombrée, la mère et la fille sur un même brancard, le fil qui manque pour suturer, l’appendicite fatale faute de place au bloc, le prématuré mort sur le seuil de l’hôpital faute d’ambulance équipée, le choix qu’elle, Fernanda, doit faire chaque jour, entre les patients qui doivent vivre et mourir...
Territoire immense, le Brésil n’a pas trouvé la clé pour répartir ses médecins
« Nous sommes préparés à voir les gens mourir, mais pas dans ces conditions. (...) Importer des médecins de Cuba, de Mars ou d’ailleurs, ne résout rien. Et vous le savez bien. (...) Si vous ne savez pas être présidente, excusez-moi, mais je sais être médecin, mais à cause de votre incompétence je suis incapable d’exercer ma fonction avec honneur ». La présidente n’a pas répondu.
Les jeunes praticiens préfèrent les grandes villes, malgré le surplus de salaire offert dans l’intérieur du pays. Abella (prénom d’emprunt), pédiatre de 30 ans, ne veut pas quitter Rio et sa vie partagée entre différents hôpitaux, ses amis, et son logement confortable dans un condomino (résidence de luxe ultra-sécurisée). « Aller dans les petites villes où il n’y a pas les moyens de travailler nous fait peur ». Ses copains de promotion partis tenter l’aventure à Bahia sont tous revenus.
« Si on était bien payé, commente un chirurgien de Salvador, on travaillerait n’importe où au Brésil ». L’hôpital public embauche les médecins à 3 600 réals par mois (1 188 euros). Ils réclament le double, et un plan de carrière. Sans succès.
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