C’est un événement attendu depuis de nombreuses années et qui va sérieusement modifier la formation initiale des médecins urgentistes. À partir de novembre prochain va entrer en vigueur le tout nouveau diplôme d’études spécialisées (DES) de médecine d’urgence. La création de ce nouveau DES intervient dans le cadre plus général de la réforme du troisième cycle des études médicales.
À la rentrée prochaine, il y aura donc des internes à part entière de médecine d’urgence, qui seront formés en quatre années. « Nous aurions préféré une formation en cinq ans. Mais nous sommes déjà très satisfaits avec ce DES en quatre ans. L’essentiel était d’ouvrir la porte. Et nous espérons bientôt arriver à cinq ans sous l’impulsion de l’Europe. Car le curriculum européen est de cinq ans pour la médecine d’urgence », explique le professeur Patrick Plaisance, chef des urgences-SMUR de l’hôpital Lariboisière et professeur d’anesthésie-réanimation et de médecine d’urgence.
Simulation basse et haute fidélité
Ce nouveau DES va venir remplacer le diplôme d’études spécialisées complémentaire (DESC) d’une durée de deux ans. « À 99 %, ce DESC était suivi par des internes de médecine générale qui voulaient compléter leur formation et travailler dans le domaine de l’urgence », indique le professeur Plaisance, en précisant que la mise en place du DES va permettre de donner une forte impulsion à l’enseignement de la médecine d’urgence, notamment via la simulation. Un domaine en pleine expansion. « Jusque-là, dans le DESC, la simulation était optionnelle. Dans le DES, cela sera obligatoire. Et on aura recours à de la simulation basse et haute fidélité », précise le Pr Plaisance, qui dirige le centre de simulation en santé ILumens Paris-Diderot.
La simulation permet d’abord aux étudiants de se former à l’apprentissage d’un certain nombre de gestes de base sur des mannequins. « Pour l’intubation du patient, une ponction lombaire, un drainage thoracique, il n’y a pas besoin de simulateurs humains. On peut juste utiliser une tête, un tronc ou un bassin. On peut aussi apprendre à faire des gaz du sang, poser des cathéters artériels avec des poignets en plastique connectés à des poires permettant de mimer les pulsations des artères. Dans ces différents cas, il s’agit de simulation basse fidélité », précise le Pr Plaisance, en ajoutant que la simulation haute-fidélité vise surtout à apprendre aux internes à savoir se comporter au mieux dans certaines situations de la vraie vie. « Cela se ferait plutôt en deuxième partie de DES. L’objectif sera notamment d’apprendre aux internes à être capables de mener une équipe, à se comporter en leader. Cela apprend aussi à travailler en interprofessionnel avec les infirmières ou les aides-soignantes », indique le Pr Plaisance.
Patients standardisés
La simulation peut aussi reposer sur des patients standardisés : des personnes, des comédiens ou des enseignants, jouant par exemple le rôle d’un patient. « Cela permet de travailler sur la communication avec les patients, d’apprendre à bien mener un interrogatoire et un examen clinique. Cela permet aussi de travailler l’annonce d’une mauvaise nouvelle, un domaine dans lequel les médecins sont en général très mal formés. Durant ces séances, l’étudiant est filmé ce qui permet de débriefer ensuite son comportement », indique le Pr Plaisance, en précisant que la mise en place de cette simulation obligatoire, dans le DES de médecine d’urgence, se fera dans le cadre d’un plan national puis décliné dans chaque région.
D’après un entretien avec le Pr Patrick Plaisance, chef des urgences-SMUR de l’hôpital Lariboisière, professeur d’anesthésie-réanimation et de médecine d’urgence, directeur du centre de simulation en santé ILumens Paris Diderot
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