La problématique de la performance diagnostique est une question primordiale aux urgences. La dyspnée en est un bon exemple. Motif de recours fréquent et grave, elle trouve son origine dans un champ étiologique vaste : insuffisance cardiaque aiguë, pneumopathie, œdème aigu du poumon, décompensation de BPCO, embolie pulmonaire…
Rapide, précise et incontournable
L’examen clinique et la radiographie thoracique peuvent être mis en défaut lors de l’évaluation initiale du patient dyspnéique et les résultats des examens biologiques (BNP, NT Pro-BNP et CRP) nécessitent un délai de restitution des résultats (en moyenne au bout de 2 heures). Or, tout doit se jouer vite et avec précision.
L’insuffisance cardiaque nécessite un diagnostic rapide pour mettre en route un traitement précoce et améliorer le pronostic des patients. Dans ce cadre, l’échographie pulmonaire présente un certain intérêt pour différencier de façon rapide (environ 5 minutes) et précise, une dyspnée aiguë par insuffisance cardiaque d’une pathologie pulmonaire primaire. « Avec l’échographie (ECG) pulmonaire chez un patient dyspnéique, on peut faire le parallèle avec l’électrocardiogramme qui permet de faire de façon rapide le diagnostic du syndrome coronaire aigu, en cas de douleur thoracique. Il faudrait qu’elle devienne un examen de routine comme l’ECG », déclare le Dr Tahar Chouihed (CHRU Nancy).
L’échographie est un outil fiable pour le diagnostic positif d’insuffisance cardiaque et elle permet en plus, de faire un diagnostic différentiel (pneumopathie, décompensation de BPCO, embolie pulmonaire…). Son utilisation en médecine d’urgence devrait devenir incontournable. C’est ainsi que la Société française de médecine d’urgence (SFMU) a élaboré des recommandations en 2016 d’un premier niveau de compétence pour l’échographie clinique en médecine d’urgence (ECMU). Un second niveau de compétence plus avancé en ECMU est en cours d’élaboration.
Une formation en 1 heure
Il faut que les médecins urgentistes qui pratiquent l’échographie pulmonaire aux urgences puissent justifier d’une formation. « Or, cette dernière est rapide : diverses publications démontrent qu’en 1 h, les praticiens peuvent avoir un niveau de formation efficient pour l’utilisation de l’échographie pulmonaire en urgences », souligne le Dr Tahar Chouihed. Chaque structure de médecine d’urgence doit disposer d’au moins un échographe. « C’est ce qui est en train de se faire : les freins sont en train de se lever », ajoute-t-il
L’échographie est amenée à se développer car elle permet de démêler des problèmes rencontrés quotidiennement dans l’urgence et de limiter le recours à d’autres examens du fait de sa précision diagnostique élevée.
D'après un entretien avec le Dr Tahar Chouihed, président de la commission scientifique du Collège lorrain de médecine d'urgence (CHRU Nancy)
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