Comment améliorer l’observance

La boîte à outils

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Publié le 23/01/2017
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Crédit photo : PHANIE

« Agir pour l’observance dans l’hypertension artérielle » : les experts du Comité français de lutte contre l’HTA et de la Société française d’HTA lancent un appel pour améliorer l’observance des traitements de ce facteur de risque cardiovasculaire, maladie chronique au premier rang mondial en termes de conséquences médico-économique. En France, 12 millions de personnes sont hypertendues et les dépenses de santé sont estimées à 4 milliards d’euros chaque année. Il s’agit là d’un enjeu majeur, bien souligné par l’Organisation mondiale de la santé, qui estime qu’« augmenter l’efficacité des interventions sur l’observance aurait un plus grand impact sur la santé de la population que n’importe quelle amélioration des traitements médicaux ».

La problématique de l’observance n’est pas nouvelle, et l’on sait aujourd’hui que la mauvaise observance est rapportée plus fréquemment dans 3 situations : la première année de traitement, chez les sujets polymédiqués et dans l’HTA apparemment résistante, où il est établi que 15 % des patients ne prennent aucun des traitements prescrits.

Ce constat a conduit à développer différents outils, EVAL-OBS, une échelle d’évaluation de l’observance chez les hypertendus et FLAHS-OBSERVANCE, un calculateur de risque d’inobservance, utilisables par les professionnels de santé ou par les patients en auto-évaluation. Deux autres outils sont accessibles aux professionnels de santé : l’analyse de l’historique de dispensation des antihypertenseurs (contenu dans la carte Sesam Vitale) et le dosage des antihypertenseurs, dans le cadre du bilan d’une HTA résistante.

L’application EVAL-OBS utilise la technique de l’échelle visuelle analogique. Le patient doit placer un curseur sur une gradation allant de « je n’ai pris aucun comprimé », à « j’ai pris tous les comprimés ». Elle est accessible gratuitement sur le site www.comiteHTA.org.

Le calculateur du risque d’inobservance FLAHS-OBSERVANCE a été mis au point sur une population de 2 743 patients hypertendus traités en France métropolitaine en 2015. Le risque d’inobservance peut être estimé comme faible, intermédiaire ou fort en renseignant 10 critères relatifs aux caractéristiques personnelles et à l’état de santé du patient. Il est utilisable gratuitement en ligne sur le site www.comiteHTA.org.

Un dialogue non culpabilisant

Le consensus d’experts préconise ainsi, avant de débuter le traitement, d’effectuer une consultation d’annonce, puis, au cours de la première année de traitement, de faire un test EVAL-OBS pendant la phase d’adaptation et à chaque consultation afin de dépister une mauvaise observance. Un test FLAHS-OBSERVANCE sera réalisé au cours du premier trimestre de traitement, afin d’attribuer au patient une catégorie de risque d’inobservance. Si le test EVAL-OBS indique une observance non satisfaisante ou si le risque d’inobservance est intermédiaire ou élevé, il faut en déterminer la ou les causes. Il importe d’établir un dialogue non culpabilisant avec le patient, de communiquer sur les effets positifs et indésirables, et de ne pas tolérer ces derniers. Il faut également écouter une éventuelle demande d’arrêt du traitement, réévaluer la balance bénéfices/risques du traitement et l’adapter.

En cas de pathologies associées et de traitements multiples, les experts recommandent de réaliser le test EVAL-OBS à chaque consultation et d’optimiser l’ordonnance, en simplifiant le traitement antihypertenseur (médicaments bien tolérés, monoprises et associations fixes), en adaptant les horaires de prise en fonction des préférences du patient, en reconsidérant la pertinence des autres traitements et en renforçant l’éducation thérapeutique selon les comorbidités.

En cas d’HTA résistante, le patient doit être référé à un centre spécialisé qui pourra, si cela est possible et après accord du patient, réaliser le dosage des médicaments et évaluer les principales caractéristiques de son profil psychologique.

Les experts mettent aussi l’accent sur la nécessité d’une bonne collaboration médecin-pharmacien-infirmière. Parmi les actions à entreprendre : l’évaluation des bénéfices d’échanges standardisés pharmaciens/médecins sur le thème de l’observance.

D’après les communications des Prs et Drs Bernard Vaisse (Marseille), Xavier Girerd (Paris), Alexandre Persu (Bruxelles) et Thierry Denolle (Dinard)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9549