Comment les collégiens européens perçoivent-ils les réglementations du tabac à l’école ? Sont-elles vraiment appliquées ? Une vaste enquête européenne, menée dans le cadre des projets Silne et Silne-R, permet d’apporter des éléments de réponse. « Au total, plus de 22 000 adolescents, âgés de 15 ans en moyenne, ont participé à cette enquête organisée en deux vagues successives, en 2013 puis 2016. Elle a été conduite dans 7 villes européennes : Tampere (Finlande), Dublin (Irlande), Namur (Belgique), Coimbra (Portugal), Amersfoort (Pays-Bas), Latina (Italie) et Hanovre (Allemagne) », indique Nora Mélard, qui travaille sur ce projet avec le Pr Vincent Lorant, Adeline Grard et Pierre-Olivier Robert, chercheurs à l’Institut de Recherche santé et société (IRSS) à l’université catholique de Louvain.
Premier constat : entre 2013 et 2016, une baisse générale du tabagisme a été observée dans ces sept villes. À Namur, où l’enquête a concerné près de 4 000 élèves issus de sept écoles secondaires différentes, la proportion de fumeurs hebdomadaires est passée de 23 % à 18 %. « C’est encourageant mais cela reste supérieur à la moyenne européenne de 14 % en 2016, et même moins de 5 % pour l’Irlande », souligne Nora Mélard.
Depuis 2006, il est interdit de fumer à l’école dans la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une interdiction loin d’être pleinement respectée. Ainsi, 73 % des élèves de l’enquête déclarent en voir d’autres fumer dans l’enceinte de leur école, et 29 % constatent le même comportement chez leurs professeurs ou éducateurs. « En fumant devant les élèves, les membres du personnel scolaire participent à un sentiment de normalité du tabagisme, ce qui joue sur le risque d’initiation à la cigarette. De plus, les jeunes ont plus de mal à accepter les sanctions sur le tabac lorsqu’ils savent que la personne fume elle-même. Elle perd en crédibilité », indique Nora Mélard.
« Un autre constat du projet est que les écoles ont rarement des règles strictes par rapport au tabac, alors que celles-ci semblent en effet réduire le fait de fumer dans l’école, poursuit-elle. Néanmoins, elles n’ont pas d’influence sur ce qui se passe à l’entrée, ce qui maintient une visibilité du tabagisme à l’entrée et à la sortie des cours, ainsi qu’aux pauses. Les écoles devraient être encouragées à adopter des réglementations strictes, avec une tolérance zéro, qui s’étendent également aux alentours ».
Entretien avec Nora Mélard
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