« Un dépistage est d’autant plus efficace que la probabilité initiale d’avoir la pathologie dépistée est plus élevée que pour le commun des mortels, ce qui est le cas des fumeurs. C’est donc une population qu’il faut prioriser, que ce soit dans le cadre d’un programme de dépistage ou de prise en charge individuelle », rappelle le Pr Jacques Cornuz, directeur général d’Unisanté (Lausanne).
Lorsque l’exposition aux hydrocarbures, aux métaux lourds et autres substances toxiques qui provoquent les tumeurs chez les fumeurs est régulière (journalière), le risque est avéré, au-delà du fait de fumer un peu ou beaucoup : tout fumeur régulier doit donc être considéré comme étant à risque de certains cancers, que l’on peut dépister. Outre le dépistage du cancer du poumon, qui est reconnu dans la littérature scientifique comme efficace et ce, d’autant plus que l’on est fumeur ou fumeuse, c’est aussi le cas du dépistage du cancer du sein chez la femme (de 50 à 70 ans), du côlon dans les deux sexes (de 50 à 70 ans), du col de l’utérus chez la femme (de 25 à 65 ans) et de la prostate chez l’homme (ce dernier étant plus débattu).
Quant au dépistage des maladies cardiovasculaires, cela dépend des scores cliniques obtenus : le tabagisme joue, mais aussi l’excès de poids, l’hypertension artérielle, la sédentarité… Encore faut-il arriver à transmettre au fumeur l’information capable de le motiver à faire l’objet d’un dépistage. Pour cela, il existe des outils explicatifs destinés au patient : à quoi ça sert, comment s’y préparer, comment se déroule l’examen, que signifie un résultat négatif ou pas, etc. (1).
Convaincre sur la durée
Ces dépistages doivent être refaits périodiquement, or les patients fumeurs sont moins demandeurs que le reste de la population générale, car souvent moins éduqués et moins insérés socialement. C’est pourquoi le médecin doit être particulièrement actif. « En effet, les individus des milieux moins favorisés sont moins enclins à se projeter dans le long terme. Ils sont moins demandeurs de dépistage et on les sollicite moins », rappelle le Pr Cornuz.
Si le médecin doit s’occuper des problèmes immédiats du fumeur, il doit aussi se préoccuper globalement de sa santé à long terme et donc l’amener, par des techniques de partage d’informations et d’entretiens motivationnels, à comprendre que c’est lui, patient, qui peut décider de faire ses dépistages ou non. Il faut bien sûr respecter son positionnement, quitte à reparler du dépistage quelques mois plus tard. Cette demande doit d’autant plus être suscitée que le fumeur est plus à risque !
Sans oublier de rappeler qu’un dépistage n’est pas qu’un test : le patient doit comprendre que si le test est positif, il devra aller plus loin. « Le dépistage peut être évoqué à l’occasion d’une demande de sevrage tabagique, mais il n’y a pas de règle ou de moment clé pour en parler. Chez un fumeur encore jeune, lui dire que plus tard il sera amené à faire différents dépistages est déjà un moyen de l’informer, pour y revenir plus facilement plus tard », propose le Pr Cornuz.
Article précédent
Jamais trop vieux pour arrêter !
Article suivant
Réglementer les produits de vapotage
En lutte contre le tabac
Toujours trop de tabac dans le sport
Jamais trop vieux pour arrêter !
Favoriser les dépistages chez les fumeurs
Réglementer les produits de vapotage
Parler du risque
Jeux d'argent et tabac
Les SMS du congrès SFT 2023
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?