L’enquête-campagne menée par le Fédération française de cardiologie auprès des jeunes de 10 à 15 ans le souligne : de façon constante depuis cinq ans, 30 à 35 % des adolescents de cette tranche d’âge ont déjà fumé une cigarette. La moitié restent fumeurs, une fois sur deux de façon quotidienne. « Sur les 3,7 millions d’enfants de 10 à 15 ans, de 250 à 300 000 fument tous les jours », déplore le Pr Daniel Thomas (Paris). L’âge moyen de la première cigarette se situe entre 11,5 et 12 ans et 8 % des 8-10 ans en ont déjà touché une. Chez les 10-15 ans qui fument régulièrement, de 5 à 10 % consomment plus de 20 cigarettes par jour, ce qui représente environ 20 000 enfants.
Ces chiffres montrent bien l’ampleur du problème du tabagisme chez les adolescents. Deux ou trois dizaines de cigarettes suffisent chez certains à entraîner un circuit d’addiction. Il est établi que plus la consommation de tabac débute précocement, plus la dépendance est forte. Notamment, un début avant l’âge de 15 ans est un facteur qui rendra le sevrage plus difficile à l’âge adulte.
D’autres enquêtes mettent en évidence la parité garçons-filles vis-à-vis du tabagisme vers 17-18 ans, qui devrait également s’observer très rapidement au cours de la troisième décennie, avec toutes les conséquences qui en découlent pour les grossesses.
Agrégation.
L’analyse des circonstances de la première cigarette est riche d’enseignements. Dans plus de la moitié des cas, c’est sur proposition d’un tiers, deux fois sur trois un(e) ami(e), ce qui souligne l’importance du phénomène de groupe, d’agrégation. Les fumeurs ont plus de copains fumeurs, et inversement. Dans 20 % des cas, la première cigarette a été prise « dans un paquet qui traînait », le jeune n’ayant donc pas eu besoin d’achat. Celui-ci est d’ailleurs un mode de début peu fréquent (6 %), tandis que, dans 15 % des cas, la première cigarette a été demandée à un fumeur. Il y a là un message important à faire passer aux parents : ne pas laisser de cigarettes traîner.
Les enfants ont aussi été interrogés au cours de cette enquête sur l’attitude de leurs parents, avec deux notions importantes : d’une part ceux-ci sont souvent trop passifs. Il faut parler avant l’âge de 10 ans, auquel les enfants sont généralement contre le tabac. D’autre part plus d’un tiers des parents ne se préoccupent absolument pas du problème et 6 % sont d’accord avec le fait que leur enfant fume.
Lutte.
L’augmentation des prix peut diminuer l’initiation et motiver l’arrêt immédiat. L’information dans l’environnement immédiat des adolescents – notamment des parents, qui privilégieront les explications factuelles… D’autant plus qu’ils sont fumeurs : un témoignage de la force de la dépendance ! Il faut aussi continuer à normaliser le statut de non fumeur, développer la communication sur l’image sale, à laquelle cette population est très sensible, et enfin faire comprendre aux jeunes qu’ils constituent une proie pour l’industrie du tabac.
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