Les deux premières causes de mortalité évitable en France sont le tabac et l’alcool. Or, leurs consommations sont souvent associées. Comparativement aux non-fumeurs, les fumeurs ont plus de risque de présenter un trouble de l’usage d’alcool. Inversement, il existe une prévalence particulièrement élevée de fumeurs chez les personnes qui présentent ce trouble, avec notamment un nombre important de gros fumeurs. L’incidence du tabagisme régulier est d’environ 70 % chez les personnes ayant des difficultés avec l’alcool, contre 20 % dans la population générale.
La moitié des décès de l’alcool sont liés au tabac
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les personnes dépendantes à l’alcool et au tabac meurent davantage des conséquences de leur consommation de tabac que de celles liées à l’alcool. « Il est important de le savoir, car on a souvent tendance à privilégier la prise en charge de la dépendance à l’alcool par rapport à celle du tabac, en pensant qu’elle présenterait moins de risque pour la santé, souligne le Dr Guillaume Airagnes, psychiatre-addictologue à l’hôpital européen Georges Pompidou, Paris. Ainsi, une prise en charge séquentielle est souvent proposée : d’abord le sevrage de l’alcool, puis si possible celui du tabac, avec parfois la crainte que l’arrêt du tabac ne favorise la reprise des consommations d’alcool. Au contraire, il est recommandé de prendre en charge ces deux addictions de façon concomitante. Cela va à l’encontre d’une idée reçue : celle de penser qu’il est beaucoup plus simple de s’occuper d’une seule dépendance à la fois. Par exemple, plusieurs études ont montré une réduction des consommations d’alcool après l’arrêt du tabac. »
Meilleur pronostic de l’arrêt concomitant
« Si l’on veut traiter une addiction alors que d’autres conduites addictives existent, cela rend plus difficile la prise en charge. Ainsi, il est préférable de les prendre en charge de façon globale », insiste le spécialiste. Chez les personnes qui présentent à la fois une dépendance à l’alcool et au tabac, la poursuite de l’usage de l’alcool réduit les chances du succès du sevrage tabagique. Inversement, le fait de rester fumeur augmente le risque de rechute après l’arrêt de l’usage de l’alcool.
« Par ailleurs, le rôle du tabac dans la survenue de symptômes dépressifs, anxieux et d’idées suicidaires est souvent négligé. L’arrêt du tabac favorise la réduction de ces symptômes et facilite la prise en charge du trouble de l’usage d’alcool », précise le Dr Airagnes.
De plus, certaines stratégies thérapeutiques focalisées sur l’aide à l’arrêt du tabac ont montré également une certaine efficacité sur le trouble de l’usage d’alcool.
Le choix du patient doit être respecté mais si l’on peut envisager une prise en charge conjointe des dépendances à l’alcool et au tabac, cette stratégie est à encourager.
Entretien avec le Dr Guillaume Airagnes, HEGP, Paris
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