Des études nord-américaines ont mis en évidence un lien entre la dermatite atopique (DA) et les maladies cardiovasculaires, lien qui n'est pas retrouvé dans les études menées en Europe, notamment en Allemagne. Aux États-Unis, la DA est associée au surpoids et à l'obésité, au diabète et à l'hypercholestérolémie, ce qui peut expliquer son effet délétère sur le risque cardiovasculaire. Les revues systématiques de la littérature et les méta-analyses retrouvent aussi une association entre la DA et le tabagisme, avec un odd ratio de 1,87 pour le tabagisme actif et de 1,18 pour le tabagisme passif, mais pas avec la consommation d'alcool.
Le risque d'infection sévère est une comorbidité bien documentée. Dans une étude menée sur plus de 72 millions de patients adultes hospitalisés, le taux d'infections sévères était de 42 % chez les sujets ayant une DA, comparativement à 25 % dans la population indemne.
Ce risque concerne les infections cutanées (érysipèle, herpès, cellulite), respiratoires (aspergillose, tuberculose) et systémiques (arthrite septique, endocardite, encéphalite). « La dermatite atopique est une maladie multifactorielle qui se traduit par une altération de la réponse immune aux infections bactériennes et virales », a résumé la Pr Martine Bagot (hôpital St-Louis, Paris).
La DA est également associée à des troubles neuropsychologiques comme l'anxiété et la dépression, sans que l'on ne puisse préciser s'il s'agit d'une conséquence ou d'une association morbide. Plusieurs hypothèses physiopathogéniques sont avancées, telles que la modulation des émotions par des cytokines pro-inflammatoires, une altération de la qualité de vie ou encore des troubles du sommeil secondaires au prurit.
Les maladies auto-immunes sont plus fréquentes chez les personnes souffrant de DA. En revanche, ses liens éventuels avec le risque de cancer sont controversés.
Des comorbidités dans la plupart des cas
En France, l'étude nationale multicentrique du Great (Groupe de recherche sur l'eczéma atopique de la Société française de dermatologie), menée de 2016 à 2018, a analysé les comorbidités de la DA sur une cohorte de 311 patients adultes vus en consultation ou en hospitalisation. Dans près de 80 % des cas, ils présentaient au moins une autre manifestation atopique, à type d'asthme (55 %), de rhinite allergique (63 %), de conjonctivite (54 %). Une allergie alimentaire était rapportée dans 29 % des cas. Le Scorad et l'EASI étaient plus élevés chez les patients ayant une comorbidité atopique.
Près d'un tiers des patients avait indiqué souffrir d'anxiété et 14 % de dépression.
Certains facteurs étaient potentiellement associés à la sévérité de la DA : sexe masculin, antécédents d'infections cutanées, tabagisme et présence d'autres manifestations atopiques. Ce travail n'avait pas mis en évidence de comorbidité cardiovasculaire. « La fréquence de l'anxiété, de la dépression et du tabagisme (34 % des patients) souligne l'importance d'une prise en charge globale », a conclu la Pr Bagot.
Communication de la Pr Martine Bagot, hôpital St-Louis, Paris
Article précédent
Un cocktail délétère pour l’asthme
Manger ou courir, il faut choisir
Une appli pour mieux l'appréhender
Les métaux toujours d’actualité
Des recommandations attendues pour la fin de l'année
De plus en plus d'œsophagites à éosinophiles
Les pièges de la toux chronique
Quand adresser le patient à l'allergologue ?
Un cocktail délétère pour l’asthme
Une prise en charge globale de la dermatite atopique
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?