Les maladies cardio- et cérébrovasculaires constituent la principale cause de décès chez les femmes et, selon les données 2023 de l’AHA, près de 45 % des plus de 20 ans seraient atteintes à des degrés divers de pathologies cardiovasculaires. « Une meilleure prévention doit être mise en place concernant les facteurs de risque liés aux cycles menstruels car ils sont spécifiques aux femmes jeunes, une population négligée par les outils actuels de stratification des risques, développés sur la base d’une population plus âgée et majoritairement masculine », reconnaît la Dr Eugenia Alleva (New York).
Sopk : +30 % d’HTA
Le syndrome des ovaires polykystiques (Sopk), qui toucherait une femme sur dix en âge de procréer, est caractérisé par une absence ou une irrégularité des cycles menstruels, associée à des kystes ovariens.
Dans une étude portant sur près de 170 000 jeunes filles âgées de 13 à 17 ans menée aux États-Unis, plus de 1 140 souffraient du Sopk, dont près de 19 % étaient en surpoids et plus de 15 % étaient obèses. Un quart de ces jeunes filles avait des chiffres tensionnels élevés, soit 17,5 % avec une PAS de 120 à 129 mmHg (la PAD restant < 80 mm Hg) et 7 % avec une authentique HTA. Avec 18,6 % de chiffres tensionnels augmentés dans le Sopk contre 6,9 % dans la population normale, le risque d’HTA est de 30 % supérieur.
À noter, toutefois, une limite à l’étude puisque la PA n’a été évaluée que par une seule mesure à la consultation ; on sait que ces chiffres sont susceptibles de variations chez les jeunes. « Une étude plus poussée de ces adolescentes permettra de mieux repérer les potentielles complications cardiométaboliques précoces afin de réduire les risques CV à long terme, insiste la Dr Sherry Zhang (San Diego, Californie). Ces jeunes filles devraient bénéficier d’une surveillance systématique de la PA et de préconisations concernant l’hygiène de vie pour prévenir son développement. »
Dysménorrhée : +100 % de pathologies CV
La deuxième étude a été menée chez des femmes atteintes de dysménorrhée, problème particulièrement fréquent. Chez environ 55 000 femmes de moins de 50 ans, 30 000 souffraient de dysménorrhée. Or, ces dernières avaient un risque de cardiopathie ischémique (aiguë ou chronique) multiplié par deux par rapport à celles qui en étaient indemnes, et un risque multiplié par trois d’angor.
La dysménorrhée est associée à un stress accru, à des altérations du système nerveux autonome et à une augmentation de la sécrétion de certaines molécules liées à l’inflammation, tous éléments favorisant les pathologies CV. « Ces résultats suggèrent que la dysménorrhée favorise les maladies CV chez les jeunes femmes, ce qui devrait être pris en compte pour affiner le risque CV dans cette population et améliorer la prévention », conclut la Dr Alleva. Cet essai transversal devra être complété par des études longitudinales afin d’analyser le lien chronologique entre la dysménorrhée et les maladies cardiaques.
Il faudra identifier et prendre en charge précocement ces facteurs de risque spécifiques aux jeunes femmes, interventions où les médecins, et en particulier les gynécologues, auront certainement un rôle capital à jouer, afin d’évoquer ces risques particuliers et de souligner l’importance d’adopter tôt un mode de vie favorable à la réduction du risque de pathologies CV.
AHA 2023. OA 176 et 177
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