Afin d’alléger la prise en charge du psoriasis, une désescalade thérapeutique chez certains patients qui répondent bien est parfois faite en pratique quotidienne, mais cette démarche ne répond à aucune recommandation. De nombreuses études sont ainsi menées afin de faire progresser les connaissances.
Super répondeurs
Des intervalles de dosage fixes ne constituent pas nécessairement la stratégie idéale pour tous les patients. Le guselkumab (Tremfya), un anti-IL23, a récemment fait l’objet d’une grande étude de phase 3b, Guide, dans 80 centres en Allemagne et en France, comprenant trois parties.
Dans la première, les patients ont reçu du guselkumab 100 mg aux semaines 0, 4, 12 et 20. Ceux qui avaient un score Pasi = 0 (donc totalement blanchis) à la semaine 20 puis une semaine plus tard (S28) ont été qualifiés de « super répondeurs ». Ils étaient 303 (34,4 %) sur les 880 patients enrôlés.
Dans la deuxième partie de l’étude, les super répondeurs ont été randomisés en deux groupes pour recevoir le guselkumab 100 mg toutes les 8 semaines ou toutes les 16 semaines (ceux qui n’étaient pas super répondeurs continuaient les injections toutes les 8 semaines). Résultat, chez les super répondeurs, l’allongement de l’intervalle entre les doses n’empêche pas le maintien du contrôle de l’activité de la maladie (1).
Plus de deux ans sans traitement
Enfin, la troisième partie de l’étude se poursuivait entre les semaines 68 et 220. Les 273 super répondeurs ayant un Pasi < 3 à S68 n’ont plus reçu de guselkumab (ils étaient éligibles à un retraitement en cas de perte de réponse). Les résultats, présentés au congrès, montrent que 26 super répondeurs (9,5 %) ont pu rester sans traitement pendant plus de deux ans après le retrait du guselkumab (2). Les patients dont la maladie avait été de courte durée, en particulier ceux traités dans les 15 mois suivant l’apparition des symptômes, étaient les plus susceptibles de rester sans traitement.
Vers des thérapies orales
De nouvelles biothérapies sont en développement pour cibler spécifiquement les cytokines clés impliquées dans la physiopathologie du psoriasis. L’icotrokinra, un antagoniste sélectif du récepteur de l’IL-23 administré par voie orale, a montré une efficacité dans des études de phase 2b, Frontier 1 (100 mg 2X/j) et Frontier 2 (extension à 52 semaines). Deux études de phase 3 sont en cours (3). Les anti-IL-36R spésolimab et imsidolimab (étude Gemini-1 et 2) pourraient quant à eux agir sur l’inflammation dans le psoriasis pustuleux généralisé.
« La recherche se tourne aussi vers des traitements oraux, avec la possibilité de traitement personnalisé à l’avenir », souligne le Pr Antonio Costanzo (Milan, Italie). Le zasocitinib, un inhibiteur sélectif de la tyrosine kinase 2, est à l’étude avec des résultats positifs. Les inhibiteurs de JAK restent une piste intéressante. Le deucravacitinib a confirmé son efficacité à long terme, quatre ans, dans l’étude Poetyk Pso 1 et 2 (4).
Agir sur le stress
Le lien entre stress perçu et poussées de psoriasis est bien confirmé. L’aprépitant, un antiémétique, antagoniste du récepteur de la neurokinine-1 (NK-1R), est ainsi à l’étude dans la prévention des poussées de psoriasis induites par le stress (5). Il cible sélectivement la composante de l’inflammation neurogène induite par la substance P mais n’a pas d’effet sur les autres médiateurs tels que le facteur de croissance nerveuse et la corticotrophine. L’association d’antagonistes du NK-1R avec d’autres traitements pourrait s’avérer intéressante.
(1) Eyerich K et al. Jama Dermatol. 2024 Sep 1;160(9):953-963
(2) Eyerich K. EADV 24. Abs3010
(3) Antonio Costanzo. Session « New and emerging drugs : psoriasis »
(4) Armstrong A. EADV 24. Abs 1380
(5) Keren A et al. EADV 24 Abs 6322
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