De nombreuses études observationnelles, telles que la Women’s Health Initiative (WHI), ont mis en évidence un risque de fracture augmenté de 20 à 70 % en cas de diabète (1). Un symposium conjoint Easd/ESE (European Society of Endocrinology) a permis de présenter les travaux récents sur ce thème. Les patients atteints de diabète de type 2 ont une densité osseuse plus élevée que la population générale et devraient donc avoir un faible risque de fracture. La recherche a montré le contraire. Le risque de fracture de la hanche, par exemple, est 33 % plus élevé chez les diabétiques de type 2. Les diabétiques de type 1 ont également un risque de fracture accru, multiplié par 5 pour les fractures de la hanche par rapport aux sujets sains. Le risque est d’autant plus important que le diabète est présent depuis plus longtemps. Il est également majoré en cas de traitement par l’insuline. « Nous expliquons ces données en considérant que le tissu osseux est de moins bonne qualité en cas de diabète et cela pourrait être dû à l’élévation du taux de glucose, a déclaré R. Eastell. (Royaume Uni) lors de sa présentation. Cependant, ces fractures pourraient aussi être secondaires à une chute pendant un épisode d’hypoglycémie sous traitement. »
Les actions glucorégulatrices de l’os
Après avoir été longtemps considéré comme un tissu statique, ne remplissant qu’une fonction mécanique et d’armature, la représentation de l’os a considérablement évolué, vers celle d’un organe bien plus complexe. Le squelette se révèle être un organe endocrine clé. Il influence de multiples processus physiologiques par le biais de la sécrétion d’hormones. Les recherches récentes suggèrent une communication complexe entre l’os et différents tissus métaboliques. Trois hormones dérivées de l’os, l’ostéocalcine, la lipocaline-2 et la sclérostine, sont impliquées dans la régulation endocrinienne du métabolisme du glucose et semblent jouer un rôle important dans le processus physiopathologique qui mène au développement du diabète. K. Loh (Australie) a expliqué que ces hormones pourraient moduler la biologie des îlots pancréatiques.
L’effet des médicaments
Quant aux antidiabétiques, ils ont des effets variés sur le métabolisme osseux et peuvent, au moins en partie, modifier le risque de fracture chez les patients. Ainsi, les thiazolidinediones (glitazones), retirées du marché en France depuis 2010, agissaient en tant qu’agonistes des PPAR-gamma. Ces médicaments exerçaient un effet délétère osseux alors que la metformine induit la différenciation des ostéoblastes via l’activation de la voie de signalisation AMPK (AMP-activated protein kinase), exerçant des effets bénéfiques sur l’os. Concernant les classes thérapeutiques les plus récentes, incrétines et inhibiteurs du SGLT2, les études sur le métabolisme osseux indiquent que ces médicaments auraient un effet neutre sur le squelette.
Enfin, l’insulinothérapie est associée à un risque plus élevé de fractures malgré son effet neutre sur la densité osseuse. « On peut penser dans ce cas que des facteurs non squelettiques, tels qu’un risque accru de chutes dues à des épisodes d’hypoglycémie ou à la neuropathie, puissent prédisposer les patients à des chutes plus fréquentes », a déclaré C. Meier (Suisse).
La prise en charge de la fragilité osseuse des patients diabétiques n’offre pas de particularité. La prévention des chutes, qui sont particulièrement fréquentes dans cette population, est essentielle.
Exergue : L’ostéocalcine, la lipocaline-2 et la sclérostine sont impliquées dans la régulation du métabolisme du glucose
Easd 2021, Session S42, symposium conjoint Easd/ESE : « Diabetes and bone »
(1) Bonds DE, Larson JC, Schwartz AV, et al. J Clin Endocrinol Metab 2006;91:3404-10
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