Pour la première fois, l’incidence du diabète de type 2 (DT2) a dépassé celle du DT1 chez les jeunes aux États-Unis : 19,7 vs 14,6 pour 100 000 chez les chez les 15-19 ans sur la période 2017-2018. Ce n’est pas encore le cas en France, mais la menace est réelle.
D’autant que les données sont inquiétantes : ces adolescents et jeunes adultes vont très mal sur le plan cardiométabolique. « L’étude Today montre qu’à 26 ans et avec une durée moyenne de diagnostic de 13 ans, la prévalence des complications atteint 19,2 % », explique la Pr Orit Pinhas-Hamiel (Tel-Aviv, Israël). La prévalence au diagnostic des dyslipidémies avoisine 21 %, tandis que l’incidence cumulée de la néphropathie est de 55 %, et celle des neuropathies de 32 %. La rétinopathie était présente chez 50 % à 25 ans dans Today.
Dans Search, la prévalence de la neuropathie périphérique, après huit ans de diabète, était de 22 %, contre 7 % chez ceux atteints de DT1. Au total, 61 % des jeunes DT2 présentent au moins une complication, et 28,4 % au moins deux.
Quant à la neuropathie autonome cardiovasculaire, sa prévalence dans Search, après huit ans de maladie, est de 17 % (12 % chez ceux atteints de DT1). Ces jeunes DT2 présentent une dysfonction endothéliale, une épaisseur de l’intima-média carotidienne augmentée, une rigidité artérielle accrue, etc. Tous ces facteurs prédisent une morbidité et une mortalité cardiovasculaires précoces. Today a d’ailleurs recensé des événements cardiovasculaires graves. Globalement, les jeunes perdent environ 15 ans de vie. Sans surprise, ce type diabète a un profil particulier : 45 % ont un taux d’HbA1c ≥ 10 % et 20 % entre 8 et 10 %. Leur IMC oscille entre 35 et 37,5 kg/m².
Plus sévère que chez l’adulte
La Pr Amy Sanghavi Shah (Cincinnati, États-Unis), qui a coordonné les recommandations de l’Ispad 2024 à paraître, résume : « les jeunes atteints de DT2 présentent de faibles réponses aux médicaments (metformine, insuline, incrétines, gliflozines), un déclin plus rapide des cellules bêta pancréatiques par rapport aux adultes, ainsi que des taux élevés de comorbidités et de complications précoces. Tous ces éléments suggèrent une physiopathologie plus sévère par rapport aux adultes. » La gestion du DT2 chez les jeunes devrait-elle alors être différente ? Pour la spécialiste, la réponse est clairement oui : « Les données suggèrent qu’il serait pertinent d’utiliser des posologies plus élevées de médicaments, de considérer des traitements influençant plusieurs hormones (bi- et tri-agonistes avec GIP/glucagon), d’envisager des traitements alternatifs en cas de début précoce et de multiples complications (dans l’étude Teen-Labs, 94 % des jeunes patients ont obtenu une rémission du diabète après chirurgie bariatrique), et d’explorer des thérapies combinées. »
De plus, un taux d’HbA1c inférieur à 7 % n’étant probablement pas suffisant, viser 6,5 % sera recommandé dans les nouvelles directives, « en maximisant la thérapie par metformine, précise-t-elle, puis en ajoutant soit un arGLP1, soit un iSGLT2. Il faudra considérer l’insuline à longue durée d’action ou une augmentation posologique si nécessaire. Lorsque la fonction des cellules bêta pancréatiques aura suffisamment décliné, il sera peut-être pertinent d’ajouter une insuline prandiale. »
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