Le surpoids et l’obésité chez l’enfant et l’adolescent sont une préoccupation majeure depuis plus de 20 ans. Bien que la France soit l’un des seuls pays européens à disposer d’une politique nutritionnelle globale (le premier plan national nutrition santé [PNNS] date de 2001-2005), force est de constater l’augmentation de la prévalence de l’obésité dans la population française, qui a doublé depuis 1997, passant est de 8,5 à 17 %. Et les projections de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne sont pas optimistes, avec des chiffres estimés entre 25 et 29 % en 2030.
Comme cela avait déjà été souligné lors du bilan réalisé à l’issue des trois premiers PNNS, l’obésité est un marqueur majeur des inégalités sociales et sa prévention nécessite donc, au-delà du versant médical, une réponse sociale et politique. C’est d’ailleurs une démarche intégrée à 360°, tenant compte de l’ensemble des déterminants de santé, sociaux, et environnementaux du surpoids et de l’obésité qui est préconisée par l’OMS.
L’expérience en région Paca
Sur la base de l’expérience positive rapportée notamment à Amsterdam, aux Pays Bas, d’autres projets voient le jour. C’est le cas dans la région Paca, qui compte quelque 900 000 enfants et jeunes de moins de 25 ans (sur une population de 1,5 million) en situation de désavantage social dans des territoires identifiés. L’état des lieux réalisé préalablement aux appels à projets a bien confirmé le lien entre surpoids et obésité et précarité.
Un groupe de travail a défini tout un panel d’outils permettant de mener des actions ciblées sur les enfants, de la naissance à deux ans, avec en particulier un accompagnement à la parentalité pour promouvoir l’alimentation saine et l’activité physique. Cela passe par exemple par le renforcement des informations sur l’alimentation (telles que celles du programme Malin, proposé par l’association française de pédiatrie ambulatoire [AFPA] et la société française de pédiatrie [SFP]) et sur la sédentarité, ou par la distribution de bons d’achat pour des produits plus sains. Il faut aussi agir sur l’environnement, en identifiant les besoins et en renforçant les actions de formation auprès de l’ensemble des professionnels (en santé et en social) intervenants dans le parcours des femmes enceintes.
Les axes de prévention seront aussi développés à l’école, en s’appuyant sur des programmes existants, tels que « Ratatouille & cabrioles » dans le Var.
Les acteurs sont donc multiples : cellule familiale, système de santé, accueil de la petite enfance, écoles, collectivités territoriales et sphère associative et sociale.
Une logique de gradation des soins
La prise en charge du surpoids et de l’obésité se fait, comme le préconise la Haute autorité de santé (HAS), selon une logique de gradation de soins tenant compte de la gravité, de la complexité du contexte et des comorbidités. Le premier recours est assuré par le médecin traitant de l’enfant, les médecins scolaires et de protection maternelle et infantile. Ces professionnels assurent aussi le suivi et la cohérence des soins pour les enfants nécessitant une prise en charge multidisciplinaire, sur le modèle des réseaux Réppop, qui réunissent, dans un maillage étroit, l’ensemble des acteurs impliqués dans la prévention, le dépistage et la prise en charge de l’obésité pédiatrique.
exergue : Une réponse médicale mais aussi sociale et politique
Communications du Pr Rachel Reynaud et Sophie Epstein (Marseille) lors du symposium organisé par le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel)
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