En l’absence de définition consensuelle internationale de la douleur chronique, il est difficile d’estimer sa prévalence, qui varie en fonction de la définition retenue. Il s’agit toutefois d’une situation fréquente en pédiatrie, dont les formes invalidantes et sévères toucheraient de 2 à 5 % des enfants et des adolescents. Les douleurs chroniques sont associées à une détérioration significative et progressive des capacités fonctionnelles et relationnelles, se traduisant notamment par un absentéisme scolaire. Dans la population pédiatrique, elles prédominent chez les filles et les adolescents, et sont plus fréquentes avec l’avance en âge et un faible niveau socio-économique.
Une expérience subjective
En pratique, la douleur chronique, secondaire par exemple à des crises de migraine répétées, provoque souvent le sentiment d’être incompris des professeurs et des camarades de classe, une impression de solitude, de stigmatisation secondaire aux absences. Il s’agit d’une expérience subjective, sans signes visibles, qui peut être remise en question par les autres. Les absences, qui constituent un marqueur du retentissement de la douleur, peuvent entraîner un retard dans les apprentissages, voire un décrochage scolaire.
Parfois, c’est l’école qui est à l’origine de douleurs chroniques, en particulier de céphalées, de douleurs musculaires, mais aussi de symptômes du système nerveux autonome (vertiges, sueurs…). Les causes sont variées : harcèlement scolaire, pression scolaire importante (par l’établissement, la famille ou l’enfant lui-même), précocité intellectuelle, trouble des apprentissages ou encore des interactions sociales. À l’extrême, ces situations peuvent aboutir à un refus scolaire anxieux (anciennement « phobie scolaire »), qui se traduit par une difficulté majeure ou une impossibilité régulière à aller à l’école, avec un risque de déscolarisation. Il ne s’agit pas d’un caprice, la douleur fait, dans ce cadre, écran à la souffrance morale.
Repérer les éléments émotionnels
Douleur physique et/ou morale, les deux situations sont souvent intriquées et les patients doivent bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire. Les praticiens peuvent s’aider d’un questionnaire simple, Reperado, pour repérer les éléments émotionnels chez les adolescents (plus de dix ans) douloureux. Un score au-dessus de 4/10 justifie une prise en charge psychothérapeutique.
Lorsque les douleurs sont à l’origine de l’absentéisme, elles doivent être au centre de la prise en charge. Le médecin peut faire des aménagements scolaires. La rédaction d’un projet d’accueil individualisé (PAI) permet de faciliter la reconnaissance de la douleur. En cas de crises de migraine par exemple, l’élève peut quitter le cours pour prendre le traitement dans les délais et se reposer, sans être incompris. Dans le refus scolaire anxieux, une prise en charge par le pédopsychiatre est indispensable pour le diagnostic, les aménagements scolaires et pour décider d’une éventuelle hospitalisation.
Exergue : La rédaction d’un projet d’accueil individualisé permet une reconnaissance
Communications de la Dr Sylvie Dugué et de Leslie Oderda (Paris)
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