« La situation de l’avortement médicalisé dans le monde est actuellement mauvaise », regrette la Dr Ivonne Diaz Yamal, qui dirige la division Santé et Bien-être de la Figo. La télémédecine pourrait néanmoins favoriser son accès.
En Grande-Bretagne, une étude de cohorte nationale entreprise auprès de 52 142 femmes enceintes de moins de 10 semaines a ainsi montré que l’utilisation de la télémédecine (29 984 femmes) permettait de raccourcir de 4,2 jours (6,5 jours contre 10,7) le temps de réalisation de l’IVG médicale à domicile par rapport à la stratégie classique combinant consultation en présentiel, échographie systématique, administration de mifépristone à l’hôpital, puis éventuellement utilisation de misoprostol en cas de non-expulsion au domicile (1). Davantage d’IVG ont aussi été réalisées avant six semaines de terme après télémédecine (40 % versus 25 %, p < 0,001).
Dans le groupe télémédecine, les femmes avaient une consultation par téléphone ou appel vidéo et, en cas d’éligibilité (faible risque de grossesse ectopique, grossesse de moins de 10 semaines : n = 18 435), elles recevaient leurs médicaments par la poste ou éventuellement allaient les chercher à l’hôpital sans aucun examen. Les femmes non éligibles étaient dirigées vers une consultation avec échographie.
Les taux de succès (plus de 98 %), d’effets secondaires (0,02 % et 0,04 %) et de grossesses ectopiques (0,2 %) se sont avérés non statistiquement différents dans les deux groupes ; huit femmes sur dix ont indiqué qu’elles préféreraient recourir de nouveau à la télémédecine en cas d’IVG. La Dr Matthea Roemer (MSI Reproductive Choices, Grande-Bretagne) signale que dans son pays, 41 % des femmes qui recourent à une IVG grâce au MSI – un service international d’aide à la contraception et à l’avortement médicalisé – le faisaient par télémédecine en 2022, un chiffre en augmentation.
Au Ghana, une étude pilote récente entreprise sur 878 femmes a confirmé que cette approche est intéressante pour effectuer des IVG médicales précoces : 97 % d’avortements complets au domicile, 84 % des femmes désirant recourir à la télémédecine en cas de nouvelle IVG (2). Par ailleurs, 36 % des femmes ont signalé qu’elles ne disposaient d’aucune autre option pour obtenir un avortement, insiste la Dr Roemer. « Sans être une panacée, la télémédecine est efficace et permet de respecter la confidentialité. »
Communications des Drs Ivonne Diaz Yamal (Figo) et Matthea Roemer (MSI Reproductive Choices, Grande-Bretagne) (1) Aiken A. and al. Effectiveness, safety and acceptability of no-test medical abortion (termination of pregnancy) provided via telemedicine: a national cohort study. BJOG. 2021 Aug;128(9):1464-74 (2) Adu J, Roemer M, and al. Expanding access to early medical abortion services in Ghana with telemedicine: findings from a pilot evaluation. Sex Reprod Health Matters. 2023 Dec;31(4):2250621
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