L’incidence des IST bactériennes augmente fortement. Une tendance qui concerne notamment les infections à gonocoque, à chlamydia et la syphilis.
Dans ce contexte, plusieurs essais cliniques ont évalué l’efficacité d’une prophylaxie post-exposition (PEP) fondée sur la doxycycline. Une sous-analyse d’Ipergay conduite auprès d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) sous PrEP, l’essai américain Doxypep mené auprès d’HSH et femmes transgenres sous PrEP ou vivant avec le VIH et les résultats préliminaires de l’étude française Doxyvac réalisée chez des HSH sous PrEP présentant des antécédents d’IST, ont suggéré que 200 mg de cette tétracycline pris dans les 24 à 72 heures suivant un rapport non protégé permettait de réduire de plus de 70 % l’incidence du chlamydia et de la syphilis.
Cependant, un essai récent a, lui, conclu à un échec de cette prophylaxie contre l’infection à chlamydia parmi de jeunes femmes sous PrEP vivant au Kenya. De plus, la doxycycline pourrait s’avérer moins protectrice vis-à-vis du gonocoque, d’où un risque de sélection de souches résistantes élevé. Dans Ipergay, l’antibiotique n’a pas montré d’effet significatif contre la gonorrhée. Et si, dans Doxypep, une réduction d’environ 50 % de l’incidence de l’infection a été rapportée, elle s’accompagnait d’un taux de résistance accru de N. gonorrhoeae aux tétracyclines. Les inquiétudes concernent aussi la diffusion potentielle de souches de gonocoque corésistantes aux tétracyclines et à la ceftriaxone – traitement de choix de l’infection.
Des publics cibles restreints
Ce spectre de l'antibiorésistance plane aussi sur Chlamydia trachomatis et Treponema pallidum, le risque étant de contribuer à l'émergence de résistances aux tétracyclines chez ces espèces pour le moment épargnées. Un écueil d'autant plus plausible qu’une autre bactérie du genre chlamydia (Chlamydia suis, pathogène du porc pouvant occasionnellement infecter l’être humain) est récemment devenue résistante aux tétracyclines.
Pour limiter ces risques, les publics éligibles à la prophylaxie devraient être restreints – par exemple aux HSH et femmes transgenres ayant des partenaires occasionnels, n’utilisant pas régulièrement de préservatif et présentant des antécédents de plus d’une à deux IST dans l’année. Au contraire, cette PEP pourrait être contre-indiquée chez les personnes en contact régulier avec des porcs – pour éviter la transmission du gène de résistance de C. suis à C. trachomatis.
Les conditions d’accès au traitement et ses modalités de suivi restent, de plus, à définir. Un test négatif pour la gonorrhée, la syphilis et le chlamydia pourrait constituer un prérequis, et le traitement se voir réduit à une à trois doses par semaine au maximum. De plus, un dépistage trimestriel des IST pourrait être proposé.
Session PL04 : The latest in HIV and STI prevention
Article précédent
Premier cas de rémission après une greffe de moelle osseuse « classique »
Article suivant
Anticorps neutralisants anti-VIH à large spectre : où en est-on ?
Premier cas de rémission après une greffe de moelle osseuse « classique »
IST : la prophylaxie post-exposition par doxycycline en butte au risque de résistances
Anticorps neutralisants anti-VIH à large spectre : où en est-on ?
Statines : un bénéfice cardiovasculaire chez les patients VIH quel que soit le niveau de risque
SMS du congrès 2023 de l'IAS
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?