Jusqu’à présent, cinq individus avaient été déclarés guéris de leur infection à VIH après des greffes de cellules souches hématopoïétiques issues de donneurs tous porteurs de la mutation génétique rare CCR5delta32, associée à une résistance au virus. Au contraire, toutes les interruptions de traitement antirétroviral tentées après transplantation issue d’un donneur CCR5Δ32 négatif s’étaient soldées par un rebond viral.
Le cas du patient de Genève vient faire mentir la règle. En 2018, ce patient de sexe masculin diagnostiqué d’une infection au VIH en 1990, traité en continu par antirétroviraux depuis 2005 et suivi aux Hôpitaux universitaires de Genève, a développé un sarcome justifiant une greffe de moelle osseuse. Faute de donneur compatible CCR5Δ32 positif, la transplantation a été réalisée – après conditionnement par chimiothérapie – à partir d’un donneur CCR5Δ32 négatif.
Étonnamment, après l’opération – compliquée d’une maladie du greffon contre l’hôte (GVHD) chronique traitée par ruxolitinib –, tous les marqueurs de l’infection ont rapidement chuté, jusqu’à une charge virale indétectable. Si bien qu’un arrêt des antirétroviraux a été tenté en 2021. Vingt mois après l’interruption, n’ont été détectés ni rebond de l’infection, ni réaction immunitaire VIH spécifique.
Ce cas suggère qu’une rémission virale prolongée après allogreffe de cellules souches est possible même en l’absence de mutation CCR5Δ32. Reste à comprendre pourquoi. Certaines hypothèses avancées concernent la GVHD ou le traitement par ruxolitinib, qui auraient pu contribuer à l’élimination potentielle du réservoir viral. À noter d’ailleurs que les analyses réalisées n’ont pu exclure la persistance d’un tel réservoir.
Oral Abstract OALBA0504 A. Sáez-Cirión et al.
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