« Tous les adolescents ne sont pas en surpoids ou obèses et leur alimentation ne peut se résumer à la malbouffe », affirme haut et fort Véronique Pardo, anthropologue à l'Observatoire CNIEl des habitudes alimentaires (OCHA), coordinatrice scientifique avec Nicoletta Diasio (université de Strasbourg), de l'étude Alimados (lire encadré). Cette idée reçue est, pourtant, largement répandue, aussi bien chez les adolescents que chez leurs parents. Les adolescents ayant répondu à l'enquête Alimados ont, par ailleurs, en grande partie, exprimé un attachement très fort à la transmission (culturelle, alimentaire…) : leur grand-mère, par exemple, tient une place affective, importante en matière d'héritage culinaire.
Globalement, les adolescents sondés dans le cadre d'Alimados étaient à la fois curieux, gourmands, provocateurs, informés et critiques. Ils avaient développé une certaine culpabilité vis-à-vis du non-respect des normes et injonctions nutritionnelles. « Beaucoup de jeunes nous ont, notamment, expliqué ne pas savoir comment appliquer la recommandation du PNNS de manger 5 fruits et légumes par jour. Par ailleurs, ils ne comprennent pas l'intérêt des messages du type « évitez de manger trop gras, trop salé et trop sucré » affichés dans des fast-foods ou annoncés dans des publicités télévisuelles présentant, justement, des aliments qui sont trop gras et trop sucrés ! », confie Véronique Pardo.
Des parents et des enfants diététiciens
Certains parents, quant à eux, soucieux de la santé de leurs enfants, intègrent les normes alimentaires à leur façon et s'improvisent nutritionnistes. « Ces parents diététiciens ont, en général, une seule et grande peur pour leur enfant : celle du surpoids. », Ajoute Véronique Pardo.
Autre phénomène observé dans l'enquête Alimados : une part non négligeable des adolescents d'origine étrangère et/ou de milieux socio-économiques défavorisés cherchent à être les diététiciens de leurs propres parents en transmettant un savoir et des messages qu'ils ont entendus dans le cadre scolaire. « Ces jeunes essayent alors d'influencer leurs parents dans leurs choix alimentaires ! », conclut Véronique Pardo.
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