Souvent caricaturés à tort, les adolescents manifestent un nouveau rapport au corps et, parfois, une tendance au repli narcissique. Leurs comportements, choix et activités sont animés par un fort désir d'indépendance vis-à-vis de leurs parents. La crise d'adolescence est, d'ailleurs, marquée par un double mouvement : le reniement de l'enfance et la recherche d'un statut d'adulte. Ce processus psychique est traversé par tous les adolescents avec plus ou moins de fracas. Une étude effectuée en 2013 par l'INSERM (1) bat en brèche quelques idées reçues concernant les adolescents. En effet, globalement, ceux-ci seraient très attachés à leurs famille et aux résultats scolaires. Soucieux de changer le monde par leur créativité, ils affirment avoir besoin de limites. Néanmoins, ils sont poussés à prendre des risques lorsqu'ils estiment que ces mêmes limites (posées par leurs proches et/ou l'institution scolaires) sont trop nombreuses.
En cas de mal-être, la grande majorité des adolescents déclare privilégier l'isolement. « Lorsque les adolescents vont mal, ils se réfugient volontiers dans des comportements à risques (consommation d'alcool, de cigarettes, de cannabis...). Les garçons sont, toutefois, plus nombreux que les filles à déclarer prendre des risques sans les calculer. «Mais le tabagisme concerne, de plus en plus, les jeunes filles. Quant à la consommation excessive d'alcool, elle s'effectue de plus en plus tôt (chez les garçons et les filles). C'est un vrai problème de santé publique », indique la Dr Dominique-Adèle Cassuto ; nutritionniste à l'hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris) et auteure de « Qu'est ce qu'on mange ? L'alimentation des ados de A à Z » (Odile Jacob). Composante importante de l'état de santé, la pratique de l'activité physique et, notamment du sport, à tendance à diminuer après l'âge de 13 ans.
De multiples facteurs déterminent les choix alimentaires
Autre volet important de la santé : l'alimentation. 78% des adolescents interrogés déclarent que manger est un plaisir. Sans surprise, les filles sont plus nombreuses que les garçons à affirmer faire attention à leur alimentation. Mais les garçons se sentent également concernés. Pour les adolescents (deux sexes confondus), l'attention à l'alimentation est, d'abord, corrélée à la santé : la question du poids n'est citée qu'en deuxième position. « Si les adolescents font attention à leur alimentation, c'est qu'ils sont également très soucieux du regard des autres », précise le Dr Cassuto. Un autre phénomène est également fréquent : l'image que les adolescents ont de leur corps est souvent éloignée de la réalité. « Ils doutent de leur corps, et le trouve laid (gros, mou...) alors même que leur corpulence est normale. Cette dysmorphophobie -normale à l'adolescence- doit s'atténuer avec l'âge pour disparaître à l'age adulte », poursuitle Dr Cassuto.
Par ailleurs, si le niveau socio-économique du foyer est un facteur connu de disparités alimentaires chez les adolescents, le niveau d'étude des parents peut également être un facteur déterminant. « Une étude de l'ANSES** confirme que lorsque le niveau socio-économique du foyer diminue, la consommation de fruits, légumes, yaourts et fromages diminue mais celle de charcuterie et de crème dessert augmente chez l'adolescent. En outre, on sait que l'indice de masse corporelle (IMC) de l'adolescent est lié au niveau d'étude des parents mais pas toujours au niveau socio-économique. Ainsi, par exemple, la maigreur chez un adolescent est liée au niveau d'étude (souvent plus élevé) du responsable du foyer, mais pas forcément au niveau socio-économique . Par contre pour l’obésité le niveau socio économique est plus déterminant. Les deux facteurs (socio-économiques et éducatifs) sont donc liés mais pas obligatoirement corrélés », conclut le Dr Cassuto.
(1) Jousselme C. Portraits d'adolescents INSERM 2013.
(2) Disparités socioéconomiques et apports alimentaires et nutritionnels des enfants et adolescents, Anses, décembre 2012.
Article suivant
Bien manger, c'est possible
Mieux cerner les adolescents
Bien manger, c'est possible
Des normes nourries en famille
Il faut aussi savoir recevoir en retour
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?