Le bénéfice du scanner thoracique à faible dose pour le dépistage du cancer du poumon dans une population à risque est clairement démontré, depuis la publication de trois grands essais randomisés positifs montrant une réduction de la mortalité par cancer du poumon, de l’ordre de 20 %.
En France, le dépistage organisé du cancer pulmonaire n’est pas encore validé par les autorités, mais la Haute Autorité de santé (HAS) a validé plusieurs études pilotes.
Dès 2016, DEP KP80, une étude prospective multicentrique de vie réelle a été initiée dans le département de la Somme (1). Son objectif était d’évaluer la faisabilité d’un dépistage organisé du cancer du poumon par scanner thoracique faiblement irradiant chez des sujets à risque : fumeurs ou anciens fumeurs âgés de 55 à 74 ans, avec un tabagisme supérieur à 30 paquets-année, actifs ou sevrés depuis moins de 16 ans. Les nodules ≥ 10 mm étaient considérés comme positifs et ceux entre 5 et 10 mm comme intermédiaires. Un scanner de contrôle à trois mois était alors réalisé et le temps de doublement de la taille des nodules évalué.
Entre mars 2016 et février 2020, 1 369 patients ont été inclus (âge moyen 61,1 ± 5,4 ans avec un ratio de sexe H/F de 1,94). Le nombre de participants a diminué au fil de l’étude avec 1 029 (75,1 %) patients ayant réalisé le premier scanner à l’inclusion (T0), 396 (38,4 %) à un an (T1) et 286 (28,4 %) à deux ans.
Des diagnostics de stades précoces
Le scanner était positif chez 5,3 % des participants à T0, 4,5 % à T1 et 1,3 % à T2.
Au total, 43 cancers pulmonaires ont été diagnostiqués (31 à l’inclusion, 10 à T1 et 2 à T2), soit une incidence cumulée de 2,5 %.
Le taux de faux positifs était de 2,7 % (47 patients), qui ont entraîné en majorité des procédures d’exploration non invasives (TEP scan pour près de 43 % des lésions des lésions indéterminées). Seuls deux patients (2,6 %) ont eu une exploration chirurgicale pour une lésion bénigne.
La majorité des cancers diagnostiqués étaient des stades précoces : 31 patients (72,1 %) de stade 1 ou 2 ont été traités par chirurgie seule ou associée.
Cette étude démontre la faisabilité et l’efficacité du dépistage du cancer pulmonaire en vie réelle par scanner thoracique faiblement irradiant. Cependant, il reste à trouver les moyens qui permettraient d’améliorer la participation au dépistage, qui diminue au fil du temps.
(1) ERS 2023. OA 3264
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