La grossesse est source de modifications hormonales, immunologiques et mécaniques. Les pathologies allergiques peuvent s’exacerber, à l’instar de l’asthme. Entre 3 et 14 % des femmes enceintes sont asthmatiques. La grossesse est une période d’instabilité de l’asthme, avec un risque doublé d’exacerbation.
L’hyperventilation, qui résulte pour sa part de pressions mécaniques, se manifeste par une dyspnée, touchant jusqu’à 70 % des femmes enceintes et pouvant être confondue avec une symptomatologie d’exacerbation.
Les hormones stéroïdiennes fragilisent la muqueuse respiratoire du fait de la présence de récepteurs spécifiques ainsi que de l’activité des cellules inflammatoires impliquées dans l’asthme, tout en influant sur le tonus musculaire bronchique.
Pas de désescalade thérapeutique
En pratique, de nombreuses patientes réduisent voire interrompent leur traitement de fond, ce qui n’est pas indiqué, bien au contraire : les corticoïdes inhalés, associés ou non aux bêta-2 agonistes de longue durée d’action (Laba), doivent être renforcés pour un asthme équilibré, un rempart contre l’hypoxie fœtale.
« On constate encore trop souvent que la corticothérapie inhalée est insuffisante chez la femme enceinte asthmatique, regrette le Dr Mohammed Tawfik el Fassy Fihry (Rabat, Maroc), qui rappelle : Le centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) ne relève pas d’effets indésirables de ces médicaments sur le fœtus. » Ainsi, les corticoïdes inhalés sont considérés comme le traitement de fond de première intention chez les femmes enceintes asthmatiques. « L’objectif principal étant de maintenir une bonne oxygénation fœtale », insiste le spécialiste.
En fonction du niveau de contrôle de l’asthme, les Laba (formotérol, salmétérol, indacatérol) peuvent être ajoutés et éventuellement des antileucotriènes. Les médicaments déjà prescrits avant la grossesse doivent être poursuivis, y compris s’il s’agit de biothérapies. Seul l’omalizumab peut être débuté pendant la grossesse sans risque. La désensibilisation allergénique doit également être maintenue, mais sans en augmenter des doses. Les corticoïdes oraux sont réservés aux exacerbations sévères.
Les médicaments, y compris les biothérapies, doivent être poursuivis
Des risques bien réels
Un asthme insuffisamment contrôlé peut entraîner des complications sur le développement fœtal (faible poids à la naissance, retard de croissance intra-utérin, prématurité, malformations congénitales) mais aussi sur la santé maternelle (diabète gestationnel) et sur la grossesse elle-même (prééclampsie, placenta prævia, décollement placentaire, rupture prématurée des membranes, fausse couche spontanée, césarienne, hémorragies du pré et postpartum).
Le risque est élevé en cas d’exacerbations sévères, surtout au cours du premier trimestre de la grossesse.
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