L'utilisation de quatre biomarqueurs protéiques permettrait d'évaluer avec plus de précision les patients à risque de développer un cancer du poumon et ainsi d'améliorer les critères d'éligibilité pour le dépistage aux États-Unis, selon une étude publiée dans « JAMA Oncology ».
Aux États-Unis, le dépistage du cancer du poumon est recommandé chez les personnes âgées de 55 à 80 ans qui ont fumé 30 paquets-années et qui fument toujours ou ont arrêté depuis moins de 15 ans. En France, en revanche, le cancer du poumon ne fait pas l'objet d'un dépistage organisé, la balance bénéfice-risque n'étant pas considérée comme favorable. Si le National Lung Screening Trial a montré que le dépistage par tomodensitométrie à faible dose peut réduire de 20 % la mortalité par cancer du poumon, le nombre de faux positifs est très élevé. De plus, environ 50 % des personnes ayant développé un cancer du poumon sont passées à côté du dépistage, ne répondant pas aux critères d'éligibilité.
« Avec cette étude, nous montrons pour la première fois que l'on peut améliorer de façon importante l'identification des futurs cas de cancer », indiquent au « Quotidien » Mattias Johansson et Florence Guida, deux des auteurs de l'étude (centre international de recherche sur le cancer, Lyon).
Une meilleure sensibilité et une meilleure spécificité
« Les critères de dépistage actuels ne sont pas satisfaisants. L'idée de cette étude est donc de préciser ces critères afin de réduire le nombre de faux positifs et d'identifier plus précisément les patients les plus à risque », notent les deux auteurs.
Des échantillons sanguins de 108 fumeurs atteints d'un cancer du poumon diagnostiqué dans l'année suivant le prélèvement ont été comparés à des échantillons sanguins de 216 fumeurs « contrôle », l'ensemble des échantillons provenant d'une cohorte américaine. Les différences entre les deux groupes ont permis d'identifier quatre biomarqueurs protéiques - CA125, CEA, CYFRA 21-1 et Pro-SFTPB - présents chez les futurs malades et ainsi de développer un score de risque fondé sur la présence de ces biomarqueurs dans le sang.
63 % des cas de cancer identifiés
« Nous avons ensuite validé ce score dans deux cohortes européennes », racontent Mattias Johansson et Florence Guida. Cette étude a porté sur 63 fumeurs ayant un cancer du poumon diagnostiqué dans l'année suivant le prélèvement sanguin et 90 fumeurs « contrôle ». Associé aux antécédents tabagiques, le score de risque a permis d'identifier 63 % des cas de cancer du poumon contre 42 % avec les antécédents tabagiques uniquement. Il a également permis de réduire le nombre de faux positifs avec un taux de 5 % versus 17 % dans la population contrôle.
Le score de biomarqueurs perd en revanche en efficacité lorsqu'il est effectué au-delà d'un an avant le diagnostic. « Un test annuel serait donc utile dans le cadre du dépistage », soulignent Mattias Johansson et Florence Guida.
Cette étude apporte la preuve de principe du potentiel des biomarqueurs dans l'évaluation du risque de cancer du poumon. « Nous travaillons désormais sur un projet financé par le National Cancer Institute américain qui comprend une vingtaine de cohortes à travers le monde afin d'approfondir ces résultats et de les valider à grande échelle », concluent Mattias Johansson et Florence Guida.
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