LA PRESSION ARTÉRIELLE est un paramètre clinique dont la variabilité intra-individuelle est très grande. Cela s’explique par des raisons biologiques, comme l’influence du système nerveux sympathique notamment. Mais cette variabilité peut également être induite, par exemple par le stress physiques ou psycho-sensoriel. Enfin, elle dépend de facteurs techniques, liés notamment à l’appareil de.
Il est donc important de diminuer l’imprécision liée à la mesure de la pression artérielle. L’appréciation du contexte clinique est essentielle ; le respect des recommandations éditées pour la mesure clinique de la pression artérielle permet de limiter les causes d’erreur, bien répertoriées ; enfin, les méthodes de mesure élaborées, comme l’automesure et l’enregistrement automatique ambulatoire (MAPA), peuvent apporter un complément d’information très utile.
Même si la pression artérielle de consultation, casuelle, reste la référence, la mesure ambulatoire (MAPA) « améliore la prédiction du risque cardio-vasculaire chez les patients traités ou non ». Elle permet de détecter un éventuel effet blouse blanche.
Sur le plan matériel, la gêne et l’inconfort liés à la technique ne sont que « modérés ». Le journal d’activité est un élément essentiel de l’interprétation des données, tout comme l’interrogatoire, la mention des horaires de coucher et de lever, ainsi que les prises des traitements avec leur posologie et leur horaire.
Une étude pronostique de morbimortalité cardio-vasculaire réalisée au Japon avait suggéré, dès 1998, que l’automesure tensionnelle était supérieure à la méthode conventionnelle, casuelle, et qu’elle apporte des informations significativement pertinentes (1). Il revient à G. Bobrie et coll. d’avoir montré, dans l’étude SHEAF, que la mesure de la pression artérielle à domicile par automesure a une meilleure fiabilité pronostique que la mesure réalisée en consultation (2). L’étude concluait que la pression artérielle devrait être systématiquement mesurée à domicile chez les patients recevant un traitement antihypertenseur. En effet, l’hypertension artérielle masquée, bien détectée par l’automesure tensionnelle, est associée au même risque pronostique que l’hypertension artérielle patente.
Des avantages respectifs.
La mesure ambulatoire et l’automesure ont toutes les deux des avantages. La MAPA est un examen non invasif qui, comme le rappellent les recommandations de la Société européenne de cardiologie, « améliore la prédiction du risque cardio-vasculaire chez les patients traités ou non ». Elle apporte ainsi beaucoup d’informations, notamment sur les pressions diurnes et nocturnes. Or, la pression artérielle nocturne est considérée comme le meilleur facteur tensionnel prédictif de mortalité cardiovasculaire. La MAPA permet également de distinguer les patients « dippers », dont la pression artérielle diminue la nuit, des « non-dippers », dont la pression artérielle, inversement, ne diminue pas en période nocturne. Or, le risque des non-dippers est supérieur à celui des dippers.
Comme les recommandations européennes le précisent (3), « l’automesure à domicile ne peut apporter des informations aussi complètes que la MAPA » mais « elle fournit en revanche des valeurs sur plusieurs jours, dans des conditions proches de la vie quotidienne. Lorsque l’on en fait la moyenne sur une période de quelques jours, ces valeurs partagent certains avantages de la MAPA, à savoir qu’elles ne comportent pas d’effet « blouse blanche », qu’elles sont reproductibles, et qu’elles prédisent la présence ou l’évolution d’une atteinte des organes cibles, ainsi que le risque cardiovasculaire, mieux que ne le fait la pression artérielle de consultation ». Cet examen non invasif apporte ainsi beaucoup d’informations, et il est reproductible. Bien accepté, il permet de mieux faire comprendre la maladie hypertensive au patient et favorise son observance. Il est toutefois nécessaire de rappeler que les appareils utilisés doivent avoir été validés. L’Afssaps a à cet effet mis en place depuis 2001 un contrôle du marché des appareils d’automesure tensionnelle avec le concours d’un groupe de travail et en étroite collaboration avec la Société française d’hypertension artérielle, filiale de la Société française de cardiologie. Il est enfin nécessaire de connaître les valeurs de référence de l’automesure. Les recommandations de la Haute Autorité de santé précisent les seuils de pressions artérielles systolique et diastolique qui définissent une HTA par l’automesure tensionnelle (4). Ils sont « plus bas que ceux qui ont été fixés pour la mesure au cabinet médical ». Ainsi, l’équivalent pour un seuil de 140/90 mmHg au cabinet médical est, pour la moyenne des mesures, de 135/85 mmHg pour l’automesure.
Ainsi, automesure et MAPA ont leurs intérêts respectifs et doivent être considérées comme des méthodes complémentaires et non en opposition l’une à l’autre.
D’après la communication du Pr Jean-Philippe Baguet, Grenoble.
(1) Imai Y, et coll. Intern Med 2004 ; 43 (9) : 771-8.
(2) Bobrie G, et coll. JAMA 2004 ; 291 (11) : 1342-9.
(3) Mancia G, et coll. J Hypertens 2007 ; 25 : 1105-87.
(4) Service des recommandations professionnelles. Prise en charge des patients adultes atteints d’hypertension artérielle essentielle. Actualisation 2005. Haute Autorité de santé, Saint-Denis, 2005.
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