Neurofibromatose de type 1 : repérer les troubles des apprentissages

Publié le 10/09/2021
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Touchant une personne toutes les 3 000 à 4 000 naissances et environ 20 000 malades en France, la neurofibromatose de type 1 (NF1) est la maladie génétique autosomique dominante la plus fréquente. Elle est due à la mutation du gène NF1, codant pour un suppresseur de tumeur.
La NF1 peut être source d’un grand handicap et nécessite une prise en charge globale

La NF1 peut être source d’un grand handicap et nécessite une prise en charge globale
Crédit photo : Phanie

Les principales manifestations cutanées de la neurofibromatose de type 1 (NF1) doivent alerter le clinicien : la présence d’au moins six taches « café au lait » (macules pigmentées et à bords réguliers de plus de 5 mm chez les enfants et de plus de 15 mm après la puberté), des lentigines bilatérales axillaires ou inguinales et la présence d’au moins deux neurofibromes quel qu’en soit le type (tumeurs cutanées molles parfois pigmentées et de diamètre variable) ou d’un neurofibrome plexiforme.

Les autres critères diagnostiques de NF1 (mis à jour en 2021) sont : un gliome des voies optiques, au moins deux nodules de Lisch (neurofibromes de l’iris), au moins deux anomalies choroïdiennes, une anomalie osseuse caractéristique (dysplasie du sphénoïde, courbure antérolatérale du tibia ou pseudarthrose d’un os long) et un variant pathogène hétérozygote du gène NF1. Chez un enfant avec un parent atteint de NF1, un seul critère suffit. Sinon, au moins deux des critères sont nécessaires pour poser le diagnostic.

Les signes cutanés les plus précoces sont les taches « café au lait », présentes dès les premiers mois de vie. Les neurofibromes cutanés se développent plus tardivement, souvent à partir de la puberté. Si l’expression est variable, la pénétrance est complète avec des critères diagnostiques présents chez plus de 97 % des patients à huit ans. Les principales complications dans l’enfance sont les troubles des apprentissages et le gliome des voies optiques. Les troubles des apprentissages doivent être diagnostiqués sans retard, afin de bénéficier d’une prise en charge précoce : multidisciplinaire, pluriprofessionnelle et avec adaptation de la scolarité.

Un examen ophtalmo par an

Le gliome des voies optiques, bénin et fréquent, peut toutefois s’exprimer cliniquement en cas de croissance tumorale : exophtalmie, anomalies du champ visuel, etc. Son dépistage repose sur un examen ophtalmologique annuel ou sur point d’appel clinique. Chez l’adulte, la complication la plus grave est la transformation de neurofibrome interne en tumeur maligne des gaines nerveuses, de très mauvais pronostic, à craindre en cas de majoration de taille d’un neurofibrome ou de douleurs importantes. D’autres complications sont à connaître : la scoliose, l’hypertension artérielle et le cancer du sein chez les femmes.

Le préjudice esthétique qui peut être majeur résulte principalement des neurofibromes cutanés présents parfois par milliers. À ce jour, les seuls traitements sont interventionnels (chirurgie ou laser CO2). Récemment, des essais ont montré une efficacité de molécules innovantes (anti-MEK) sur les neurofibromes plexiformes ou profonds et leurs complications. Ces traitements sont déjà utilisés de façon exceptionnelle, mais des essais thérapeutiques seront bientôt mis en place. Il n’existe pas de corrélation génotype/phénotype et la maladie peut présenter de grandes variabilités intrafamiliales. À ce titre, la NF1 peut justifier un diagnostic prénatal.

La NF1 peut être source d’un grand handicap et nécessite une prise en charge globale, y compris psychologique, appuyée sur les centres de référence et de compétence. Le protocole national de diagnostic et de soins récemment mis à jour est disponible sur le site de la Haute Autorité de santé.

Hôpital Henri-Mondor (Créteil), centre de référence des neurofibromatoses
Association de patients Neurofibromatoses et Recklinghausen (www.anrfrance.fr)

Drs Arnaud Jannic et Laura Fertitta, hôpital Henri-Mondor (Créteil), centre deréférence des neurofibromatose

Source : Le Quotidien du médecin