En 2014, le rapport du directeur général des services de santé américains indiquait clairement que le tabagisme est non seulement un facteur de risque cardiovasculaire, mais aussi une cause de diabète de type 2 (1). On estime même que 12 % des diabètes de type 2 (DT2) sont attribuables au tabagisme. Il existe une corrélation nette entre l’importance du tabagisme et l’augmentation du risque. Divers mécanismes sont impliqués : l’insulinorésistance, l’adiposité abdominale plus fréquente chez les fumeurs malgré un IMC plus faible, la toxicité du tabac sur les cellules β et la stimulation du système nerveux sympathique.
Chez les diabétiques, la prévalence du tabagisme serait identique à celle en la population générale, soit entre 20 % et 25 %. Ces personnes cumulent les risques micro- et macroangiopathiques, et on estime que 65 % de la mortalité chez les DT2 fumeurs est liée à une interaction du tabac et du diabète.
Il semble que le tabac contribue également à la variabilité glycémique dans le DT1, et que le risque d’hypoglycémie est plus fréquent chez tous les fumeurs diabétiques, DT1 comme DT2.
Suivre l’IMC et la glycémie
À l’arrêt du tabac, on observe dans la majorité des cas une prise de poids – qui contribue largement au manque de motivation des fumeurs, en particulier diabétiques. « On a constaté chez les non-diabétiques une augmentation de la glycémie à jeun et un risque augmenté de développer un DT2 liés à ce gain pondéral au sevrage », souligne le Dr Ivan Berlin (Paris). Ce risque culmine 3 à 5 ans après l’arrêt du tabac, puis disparaît ensuite. Toutefois, il n’en compromet pas le bénéfice, la réduction des événements cardiovasculaires et de la mortalité l’emportant largement (2). « En pratique, il faut surveiller la glycémie après l’arrêt du tabac, et chez les diabétiques suivre d’encore plus près l’IMC et l’évolution de la glycémie », conseille le spécialiste.
On ne dispose pas d’essais médicamenteux spécifiques sur le sevrage en tabac des diabétiques, mais il n’y a pas de raison de penser que la réponse thérapeutique soit différente, aussi tous les médicaments d’aide au sevrage peuvent être utilisés.
Entretien avec le Dr Ivan Berlin, addictologue à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, Inserm U1018
(1) US Department of Health and Human Services. The Health Consequences of Smoking – 50 Years of Progress. A Report of the Surgeon General, 2014
(2) Schroeder SA. Heavier but healthier – diabetes and smoking cessation. N Engl J Med. 2018 Aug 16;379(7):684-685
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