C’est en 2013 qu’a été lancé le programme « 2P2 » dans trois départements : le Gard, l’Hérault et l’Aude. Un programme de prévention « par les pairs » conduit par Épidaure, le département prévention de l’institut régional du cancer de Montpellier (ICM). « Nous avons choisi des lycées professionnels, car plusieurs études ont montré que la prévalence du tabagisme y est plus élevée que dans les lycées généraux », indique Florence Cousson-Gélie, professeur de psychologie de la santé et du développement à l’université Paul-Valéry Montpellier 3 et directrice scientifique d’Épidaure.
Si l’influence des pairs peut conduire à la consommation, elle a aussi un potentiel bénéfique et peut modifier les comportements tabagiques. « Notre programme s’appuie sur la théorie psychosociale du comportement planifié, qui repose sur trois piliers. Le premier concerne les attitudes face au tabac. Le fait, par exemple, d’avoir une attitude positive vis-à-vis du fait de ne pas fumer peut être un facteur protecteur. Le deuxième pilier porte sur les normes sociales : sont-elles plutôt en faveur d’une non-consommation de tabac, celle-ci est-elle encouragée par l’entourage (parents, profs, amis) ? Le troisième pilier est le contrôle comportemental, lié à la confiance en soi : si je me sens capable de ne pas fumer, il y a plus de chances que je résiste au tabac », détaille la Pr Cousson-Gélie.
Le programme a été mené durant deux ans auprès de 1 573 lycéens, grâce à un financement de l’Institut national du cancer (INCa) et au soutien du rectorat de l’académie de Montpellier ainsi que de l’agence régionale de santé. Pendant six séances, Épidaure a accompagné des jeunes « pairs éducateurs » dans la création d’actions de prévention. « Ensuite, les lycées ont mené les actions de leurs choix : films, débats en classe, happening… Certains ont collecté tous les mégots sur le trottoir devant le lycée afin de rendre visible la consommation du lycée », relate la Pr Cousson-Gélie.
Épidaure a mené un essai randomisé en cluster avec quinze lycées professionnels afin d’évaluer l’efficacité du programme sur le tabagisme : huit suivaient le programme « 2P2 », et sept n’y participaient pas. « Dans le groupe intervention, on constate une certaine stabilité. On recense 32 % de fumeurs à l’entrée en seconde, et 34 % à la sortie de première. Alors que, dans le groupe témoin, ces chiffres sont de 33 et 44 % », rapporte la Pr Cousson-Gélie, en ajoutant que le programme va se poursuivre dans 17 lycées d’Occitanie, mais aussi 10 lycées d’Île-de-France et 6 de Rhône-Alpes.
Entretien avec Florence Cousson-Gélie, professeur de psychologie de la santé et du développement à l’université Paul-Valéry Montpellier 3 (laboratoire Epsylon), et directrice scientifique d’Épidaure
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