Un chemin clinique a pour but de décrire tous les éléments du processus de prise en charge en suivant le parcours du patient. Cette méthode est très utilisée en Amérique du Nord et en Australie sous la dénomination d’Integrated care pathway. Des bénéfices majeurs sont obtenus (1,2).
La dysfonction érectile est une affection fréquente, particulièrement dans les populations vulnérables. Elle est responsable d’un impact important sur la qualité de vie et affecte en profondeur les patients qui en sont atteints ainsi que leurs partenaires. L’efficacité et l’innocuité des traitements actuellement disponibles ne font aucun doute. Néanmoins, cette affection est encore insuffisamment prise en charge (3).
L’importance de son dépistage chez les patients atteints d’affections chroniques est aujourd’hui bien établie. Le dossier médical du patient peut justifier le questionnement par le médecin sur la sexualité du patient en raison de la prévalence élevée des troubles sexuels dans l’hypertension artérielle. La survenue d’une dysfonction érectile (DE) constitue en effet un marqueur de risque. Par ailleurs, elle a un impact négatif important sur l’humeur du patient et sur l’observance thérapeutique.
Dans ce cadre, le chemin clinique constitue un outil d’amélioration des pratiques professionnelles dans la prise en charge de la DE chez les hypertendus (4). Il est centré sur le patient et la prise en charge multidisciplinaire. Il permet de s’approprier les recommandations professionnelles, d’améliorer la délivrance et la continuité de soins de qualité aux patients et de développer la coordination et la communication entre les acteurs de cette prise en charge.
Dépister et écouter les patients
La première étape, essentielle, est le dépistage. Il offre ainsi l'opportunité de réduire le risque cardiovasculaire, mais il reste insuffisant. Selon plusieurs études, pas plus d'un médecin sur dix recherche systématiquement une DE et les trois quarts des praticiens déclarent ne pas oser aborder la question de la sexualité avec leurs patients chroniques.
Il apparaît essentiel de penser à rechercher de façon plus systématique une DE, notamment en cas de moindre observance ou face à des questions sur les effets indésirables sexuels des antihypertenseurs, ou en cas de plaintes peu précises à types de fatigue ou de difficultés conjugales.
Lorsque le patient exprime de lui-même des difficultés sexuelles, il ne faut ni fuir ni banaliser les troubles. Une attitude empathique, en gardant la distance nécessaire à la poursuite de l'entretien, permet de poser les questions nécessaires. Le diagnostic d'interrogatoire permet d'obtenir des critères objectifs et d'apporter une solution en première ligne. L'examen clinique doit être complété par un bilan biologique (glycémie, HbA1c, profil lipidique, et éventuellement testostérone totale et biodisponible), nécessaire et suffisant.
Sur le plan thérapeutique, le simple fait d'aborder la question de la sexualité constitue un acte réparateur à part entière. Une information peut suffire dans un certain nombre de cas.
D'après une communication de la Dr Marie-Hélène Colson, sexologue (Marseille)
(1) Campbell H et al. Bmj 1998; 316(7125):133-7.
(2) Kitchiner D et al. Bmj 1998; 317(7151):147-8.
(3) Colson MH et al. Sexologies 2018; 27(1):18-22.
(4) Colson MH, et al. Consensus d’experts, Société française d’hypertension artérielle
http://www.sfhta.eu
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