« La question de la préservation de la fertilité chez l’enfant et l’adolescent se pose le plus souvent dans le champ du cancer », a rappelé le Pr Nathalie Rives. Une situation de plus en plus fréquente avec l’amélioration de la survie des cancers de l’enfant, au prix de traitements qui peuvent avoir une toxicité sur les cellules germinales souches ou spermatogonies. L’évaluation de la toxicité des traitements (chimiothérapie, notamment à base d’agents alkylants, radiothérapie), n’est pas facile en raison de la variabilité de la susceptibilité individuelle, mais un classement est toutefois proposé.
La préservation de la fertilité, surtout développée chez le jeune adulte, est aujourd’hui transposée chez l’enfant et l’adolescent. Elle se fonde sur deux approches : la congélation de spermatozoïdes et la congélation de tissu testiculaire. Le recueil est réalisé avant tout traitement gonadotoxique.
L’autoconservation de sperme est possible dès que l’enfant est pubère, en sachant que la numération spermatique augmente avec l’âge et que le testicule n’arrive à maturité complète que vers l’âge de 18 ans. Des difficultés peuvent être rencontrées pour le recueil, notamment chez les plus jeunes. « L’adolescent doit recevoir une information spécifique, insiste le Pr Rives, et être vu sans ses parents afin d’évaluer les possibilités de recueil ».
Les études menées par les Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme (Cecos) font état d’un taux d’échec du recueil de 28 % chez les moins de 15 ans et de 9 % après cet âge. Une congélation est possible dans respectivement 61 % et plus de 80 % des cas.
Congélation de tissu testiculaire, de nombreuses questions en suspens
La congélation de tissu testiculaire, prélevé chirurgicalement, est une technique en développement. Elle s’inscrit également dans la loi bioéthique du 7 juillet 2011 qui précise que « toute personne peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes ou de son tissu germinal… lorsqu’une prise en charge médicale est susceptible d’altérer sa fertilité, ou lorsque sa fertilité risque d’être prématurément altérée ».
À Rouen, à ce jour 93 prélèvements testiculaires, majoritairement bilatéraux, ont été réalisés chez des patients âgés de 6 mois à 35 ans. Ce geste a essentiellement été proposé dans le cadre d’une allogreffe de moelle pour leucémie. L’utilisation du tissu prélevé reste du domaine de la recherche (greffe tissulaire, spermatogenèse in vitro) et de nombreuses questions sont en suspens : quelles indications, quels patients, quelle durée de conservation,…?
« Les limites de cette procédure doivent ainsi être bien expliquées, souligne le Pr Rives. Aujourd’hui nous savons congeler du tissu testiculaire, mais nous ne savons pas encore comment obtenir des spermatozoïdes à partir du tissu congelé. Les recherches se poursuivent pour évaluer la fonctionnalité du tissu testiculaire après décongélation ».
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