C’est un marché très concurrentiel. Les médecins qui sont souvent « prospectés » en savent quelque chose. Mais c’est un marché en perpétuelle évolution dont les acteurs doivent faire preuve de dynamisme. « Dans les mois qui viennent, affirme Alain Missoffe, président de Cegedim Healthcare Software, CLM va montrer sa capacité d’anticiper les nouveaux besoins des médecins : nouveaux modes d’exercice, multisites, DMP, webservices, mobilité, etc. » Cegedim Logiciels Médicaux est d’ores et déjà présent sur les chantiers de demain : bureautique santé, télémédecine avec les dispositifs médicaux communicants, plate-forme de télésanté. En 2010, Cegedim est également entré sur le marché de l’informatique aux États-Unis par le rachat de Pulse qui devrait doubler son chiffre d’affaires grâce au plan Obama sur la esanté. CompuGroup Medical se targue de certains succès en Suisse, en Tunisie ainsi qu’à Djibouti avec un projet de gestion documentaire en distribuant un « mini Pacs » pour médecins (issu de la filliale allemande de CompuGroup). « En 2010, nous avons observé une croissance globale des activités sur notre parc AxiSanté 5 et à l’export » commente Eddie Anoufa, président de CompuGroup Medical France (CGMF).
Marilyne Minault, la toujours très dynamique présidente d’Imagine Édition SAS (et d’Imagine Assistance) ne s’interdit rien : ni d’équiper les cliniques, ni de proposer du télésecrétariat, ni d’investir les maisons de santé comme elle l’a fait avec les maisons médicales de garde. Son statut de société indépendante, qui joue la proximité avec ses clients est un atout qu’elle ne manque pas de faire valoir.
DMP : tous derrière et trois devant
Pour CGMF, CLM et Imagine, le DMP c’est la grande préoccupation de ces derniers mois. Ils y croient dur. Les patients en veulent et les médecins vont le faire. Du moins ceux qui pourront car le DMP n’a pas été prévu, de l’aveu même de l’ASIP Santé, pour utiliser un accès Web mais pour être intégré dans un logiciel médical. Pour le moment, seuls ces trois éditeurs ont obtenu, en mars, des homologations DMP Compatible complètes. On apprend à cette occasion que l’homologation de décembre, délivrée en urgence avant l’inauguration du 5 janvier 2011, n’était que partielle, limitée à l’alimentation et la consultation…
AxiSanté, Hellodoc, Crossway et Doc’Ware, désormais « full DMP » participent donc aux opérations d’amorçage du DMP dans les quatre régions Aquitaine, Alsace, Picardie et Franche-Comté (voir pages 8 et 9)
« On a commencé à mettre en place l’infrastructure de déploiement pour être prêt début avril » souligne Eddie Anoufa. C’est AxiSanté 4, version la plus diffusée, qui a été homologué mais le bouton DMP va être porté sur la version 5. « Pour nous éditeurs, l’intérêt du projet, c’est aussi de mettre l’informatique des médecins à jour. Si cela peut contribuer à structurer le marché. » CLM mise beaucoup sur sa fonction de synthèse médicale pour aider les médecins à alimenter le DMP.
Malgré l’aide de l’ASIP Santé pour l’amorçage, le DMP, c’est un investissement et une mobilisation des moyens. Rien d’étonnant si Hellodoc a évolué en 2011 avec une version 5.60 qui intègre un enregistrement en ligne pour bénéficier des services de mise à jour mais n’a pas encore sorti sa version 6 sur SQL server, prévue pour 2012. Après quatre ans de présidence de la FEIMA (Fédération des éditeurs d’informatique médicale ambulatoire)*, Thierry Kauffmann n’est pas pressé de lancer ses medistoriens dans le DMP. Accaparé par le développement de MediStory sur iPad (voir page 21), il promet des « choses intéressantes » pour le DMP dans le projet iPad.
Tous les éditeurs s’y mettent progressivement. Le travail du groupe Sephira est conditionné par la sortie cet été de sa prochaine version Medicawin 6, qui intégrera les web service. « On est en route pour le DMP », assure Regis Senegou, directeur général, qui attend l’agrément INSc (Identifiant national de santé) du CNDA, première étape .
Yves Martin d’Ouvrez la Boîte (1 500 médecins sur Shaman) a déjà obtenu l’agrément INSc en octobre et s’est rendu à l’ASIP Santé pour voir la démonstration de l’interface médecin. « Nos utilisateurs commencent à nous poser des questions, nous avons quelques-uns dans les zones d’amorçages. Mais nous attendons que le démarrage soit dynamique pour l’accompagner ».
D’autres sont plus attentistes. « Nous sommes assez prudents , explique Gérard Quesada, d’HMConseil, Hypermed a participé aux expérimentations avec quatre développements différents. Et nous devons avoir terminé notre travail la nouvelle version de 4D qui facilite l’intégration des Webservices »
« Le DMP, c’est l’avenir, se persuade Martial Bellegarde chez FISI, même si son parc de 4 900 médecins n’a jamais participé aux expérimentations, mais on ne se précipite pas. Nous sommes tout juste en train d’intégrer les webservices de l’assurance-maladie ».
Pour ICT, éditeur de solutions en ligne, déployées principalement dans les maisons de santé (1 500 utilisateurs), l’enjeu DMP est important,. Mais la petite société est sur tous les fronts à la fois : l’agrément de ses serveurs qui héberge 2 millions de dossiers patients, et la DMP compatibilité en cours…
Le parc stable des 1 150 à 1 200 médecins du logiciel Altyse ne semble pas non plus pressé d’aller vers le DMP : « pour le moment on est en train de chiffrer ce que l’intégration DMP va représenter ».
Même les tout petits éditeurs cherchent des solutions. Thierry Gauthier qui préside à la destinée d’Ordolog et des 250 utilisateurs d’Ordovitale, sort une nouvelle version en VisualBasic, plus structurée, « à l’été » qui permettra de préparer un résumé de dossier pour alimenter le DMP « Mais ce n’est pas le sujet de préoccupation de mes clients » ajoute celui qui a un statut d’artisan. Il sort également une interface Web pour Ordodicom, sa console de visualisation de radiologie destinées aux rhumatologues, qui permet d’imprimer les radios.
Les solutions intégrées à l’heure du DMP
Les éditeurs de solutions intégrées pour la télétransmission vont également demander leur homologation DMP Compatible. Leur terminal va servir à authentifier la CPS pour la connexion au DMP via un ordinateur, une tablette ou même un smartphone. Regis Senegou promet même des surprises, avec les nouveaux terminaux, en préparation, plus proches des smartphones. Pour l’heure, Intellio, déjà intégré avec Medicawin, s’est allié avec Medistory sur iPad pour proposer une solution totalement mobile, Moovcare (voir page 21).
CBA a préparé un petit « installeur » pour les utilisateurs In’Di. Le terminal est relié à l’ordinateur par un câble USB et paramétré une fois pour toutes pour les téléservices de la CNAM (www. cbainfo.fr/teleservices). Le même principe va être appliqué au DMP. Première étape, une librairie de composants doit être agréée par le CNDA pour l’INSc. Un logiciel spécial DMP sera fourni pour gérer la liste des patients et les événements.
« On vise l’homologation pour les trois modes pour la rentrée de septembre » dit-on chez CBA.
Saficard n’est pas aussi avancé. « On est en train d’analyser ce qu’il faut développer pour le DMP, peut-être sous forme de passerelle avec des éditeurs de logiciels »
Télétransmission, encore un effort
L’effet « taxe » est indéniable mais pas explosif. Le ministre Xavier Bertrand a calmé le jeu en expliquant -élections obligent- qu’elle ne serait perçue qu’en 2012, puis, qu’il allait proposer que l’aide de 250 euros soit versée d’avance aux praticiens (« Le Quotidien » du 18 mars 2011).Pour la CNAM, le texte est là et les polémiques sur les 50 centimes qu’auraient réclamés les médecins aux patients qui oublient leur carte Vitale ont fait long feu.
Les chiffres sont là. En janvier, 970 spécialistes sont passés à la télétransmission et encore 680 de plus en février. Tandis que la progression était de 663 en deux mois chez les généralistes qui télétransmettent aujourd’hui à 85,56 %. Si l’on en croit les chiffres du GIE SESAM-Vitale il reste encore 32 000 médecins à convaincre. Si le rythme actuel de 1 000 par mois se maintient, il n’y en a plus que pour trois ans. Mais on comprend que le ministre soit pressé. Voir les solutions pages 18 et 19.
Les MSP convoitées
Parmi les nouveaux « marchés » identifiés, celui des maisons de santé pluridisciplinaires est convoité par tous. Pas question de laisser ICT, qui a installé 26 maisons de santé avec sa solution en ligne Chorus, et compte tripler ce chiffre d’ici fin 2011, occuper le terrain. Véronique Tourlonias dit se réjouir de cette concurrence, signe du développement du marché.
Le cahier des charges préparé par la Fédération nationale des maisons et pôles de santé et l’ASIP Santé n’est pas encore sorti. Mais on se prépare.
L’offre est déjà prête chez Imagine Éditions. Hellodoc existe depuis longtemps en versions Infirmières et kiné et s’interface avec le logiciel Julie pour les dentistes. Il équipe des centres de santé et des maisons médicales de garde.
De même, Hypermed s’engouffre allègrement à la suite des médecins qui se regroupent. « Le centre de santé pluridisciplinaire , c’est l’avenir, souligne GérardQuesada chez HM Conseil, nous en avons équipé trois en 2010, soit une cinquantaine de praticiens. nous avons une passerelle pour les dentistes avec Julie. l’agenda est partagé et accessible à distance, et pour les infirmières et kiné on donne accès à une partie d’Hypermed. Pour la télétransmission, les infirmières prennent Intellio car ne nous sommes pas agréés. »
Pour son offre pluridisciplinaire, CLM mise sur les logiciels de RMI, MediPlus 4000, KinePlus, etc.
« Pour les MSP, Sephira a le savoir-faire pour la télétransmission des para-médicaux, estime Regis Senegou, il peut y avoir un logiciel unique autour de Medicawin 6 en paramétrant les droits d’accès ».
« Ce sera un gros sujet en 2011 », indique Eddie Anoufa, autour d’AxiSanté 5, de la solution en ligne MedicalNet et de la télétransmission e-vitale. Un module infirmière est en développement.
Pour les logiciels qui tournent avec une base Access, cela exige de revoir la copie car la base ne supporte que 2 Go ce qui rend difficile l’usage d’un serveur, et la mise en commun des dossiers.
*Francis Mambrini (CLM) est le nouveau président
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