Reportage dans une maison santé-sport

Un centre ultra-mobilisé contre la sédentarité

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Publié le 20/12/2021

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Créée en 2018 par le Dr Amina Fouzai, la maison santé-sport Uni’med, située à Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis), est spécialisée dans le sport-santé. Constatant une baisse de l’activité physique dès le début du premier confinement, les trois généralistes du centre, accompagnés de kinésithérapeutes et d’infirmières, ont décidé de renforcer leurs actions de prévention auprès de leurs patients.

Crédit photo : AF

Secrétariat médical, pancartes de prévention sur les murs, salles de consultation… La maison sport-santé Uni’med, situé à Neuilly-Plaisance, en Seine-Saint-Denis, ressemble, à quelques détails près, à n’importe quelle autre maison de santé pluriprofessionnelle (MSP). Mais ici, ce sont justement les détails qui font la différence.

Affiché sur un mur de la salle d’attente, le cliché d’un octogénaire jouant les équilibristes sur une poutre de gymnastique plante le décor. Cette photographie occupe d’ailleurs une place de choix dans le cœur du Dr Amina Fouzai, médecin généraliste formée à la médecine du sport, à l’origine d’Uni’med. « Parmi toutes les représentations de sport exposées dans la maison de santé, celle-ci est vraiment ma préférée », lâche-t-elle le sourire aux lèvres. Pour la praticienne, « la promotion du sport passe évidemment par la communication verbale mais aussi par l’environnement. C’est motivant pour nos patients d’avoir des exemples comme celui-ci ! ».

Un avis que partage son mari Karim Jaaouani, coordinateur de la maison de santé, qui l’a accompagnée dans l’élaboration de ce projet. « Le sport-santé, c’est un état d’esprit, une dynamique. C’est quelque chose que nous essayons de véhiculer. Si nous transmettons le goût du sport aux patients, c’est gagné », avance-t-il.

Aborder la question de l’activité physique lors des consultations

Mais le plus important pour cet ancien membre de l’équipe de France de judo est, avant toute chose, « d’adapter l’activité physique en fonction de chaque patient et de ses éventuelles pathologies ».

Si le Dr Amina Fouzai admet avoir « beaucoup de sportifs dans sa patientèle », elle rappelle que la cible est évidemment bien plus large : « Nous essayons vraiment d’intégrer le sport-santé dans la prise en charge de tous nos patients. Évidemment, nous sommes particulièrement vigilants avec les patients en situation de surpoids ou les personnes âgées. Chez les seniors, le sport-santé est important pour prévenir certaines pathologies ou pour limiter le risque de chutes. »

Pendant ses consultations médicales, le Dr Amina Fouzai aborde systématiquement la question de l’activité sportive avec ses patients. D’ailleurs, la pandémie de Covid-19 l’a amenée à être particulièrement alerte. « Le confinement, le télétravail et la fermeture des salles de sport ont évidemment contribué à augmenter la sédentarité. Je l’ai constaté chez mes patients », confie-t-elle.

Pour la praticienne, il est donc essentiel de repérer les patients où la sédentarité s’est installée pour les orienter ensuite vers une activité physique adaptée. Elle détaille : « Cette discussion avec le patient est indispensable. J’essaye de comprendre pourquoi il n’y a pas d’activité sportive puis, en fonction de ce qu’ils me disent, je leur propose une activité adaptée à leur santé. Je les oriente ensuite sur la façon de mettre en œuvre ce projet. C’est comme ça que le bilan est fait, le but est vraiment de démystifier le sport, en proposant des choses très simples, comme la marche par exemple ! »

Des séances d’activité physique adaptées pour les patients à risque

Depuis janvier dernier, la maison de santé Uni’med propose également des séances d’activité physique gratuites et adaptées aux personnes présentant des facteurs de risque cardiovasculaire ou souffrant de surpoids ou d’obésité.

Ces séances d’une heure, organisées tous les samedis matin par les trois kinésithérapeutes de la maison médicale, ont pour objectif d’accompagner les patients dans la reprise progressive du sport.

« Nous identifions certains patients atteints de pathologies cardiovasculaires ou pulmonaires pour qui le sport peut être vraiment intéressant, détaille le Dr Amina Fouzai. Avant de commencer les séances, un bilan général sur la santé du patient est réalisé. L’objectif est d’évaluer sa motivation. Nous identifions aussi les éventuelles douleurs articulaires qui pourraient limiter certains mouvements et l’orientons vers le kinésithérapeute. Celui-ci réalise un bilan moteur du patient pour adapter au mieux son activité physique. »

Une fois le bilan dressé, les patients sélectionnés suivent un programme de reprise sportive pendant huit semaines par groupe de cinq.

« Pendant ces séances, nous allons travailler sur la force, l’endurance, la souplesse sans jamais prendre de risque. Certains patients ayant déjà fait des infarctus font part de leurs craintes mais nous veillons à les rassurer. L’idée est qu’ils reprennent confiance », confie Fiona Da Cunha Faria, kinésithérapeute en charge des cours de sport-santé.

Lorsque le cycle est fini, les patients sont réorientés vers des structures sportives pour pérenniser l’activité physique. « En général, le dispositif fonctionne assez bien pour nos patients », résume le Dr Amina Fouzai.

Des actions pour prévenir l’obésité pédiatrique

Si le Dr Amina Fouzai est la seule généraliste du centre formée à la médecine du sport, ses deux collègues sont, eux aussi, très mobilisés et participent également à la promotion du sport-santé.

Le Dr Solara Chhim, généraliste, est, lui, spécialisé dans la prévention et la prise en charge de l’obésité pédiatrique. Le praticien a d’ailleurs pu constater une diminution de l’effort physique des enfants pendant la période de confinement. « Nous avons remarqué une prise de poids pour certains d’entre eux », analyse-t-il.

Mais, pour ce généraliste qui travaille en lien étroit avec l’association Repop Île-de-France, dont l’axe de travail est d’accompagner les enfants souffrant d’obésité, des solutions durables existent : « En ce moment, trois enfants que je suis sont intégrés dans le parcours Repop. Cela leur permet de bénéficier d’un parcours spécifique de prise en charge avec un suivi nutritionnel, sportif et psychologique. L’objectif est de leur donner toutes les chances de sortir de cette situation. »

Et les actions de prévention de la structure ne s’arrêtent pas là. Pendant l’été 2020, médecins, internes, infirmiers et kinésithérapeutes de la maison de santé ont organisé les « Jeux de la santé », des mini-Jeux olympiques qui se sont tenus sur trois jours. Objectif ? Sensibiliser les enfants sur les bienfaits d’une activité physique régulière.

Selon le Dr Amina Fouzai, « ces ateliers ont été l’occasion d’inciter les jeunes à pratiquer une activité physique régulière. Nous avons également organisé des ateliers nutrition pour leur donner de bons réflexes en termes d’alimentation. »

Prochaine étape pour le centre Uni’med ? L’inscription, sur les ordonnances médicales, d’une phrase incitative pour encourager les patients à pratiquer une activité physique. « C’est pour faire comprendre aux patients que nous sommes ouverts à la discussion, qu’ils peuvent nous faire confiance et qu’il est tout à fait possible d’aborder cette question en consultation », conclut le Dr Amina Fouzai.

La première maison sport-santé labellisée par le ministère des Sports
La maison santé-sport Uni’med, située à Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis), a été inaugurée en 2018 par le Dr Amina Fouzai, médecin généraliste et diplômée en médecine du sport. Il s’agissait à l’époque de la première maison sport-santé créée par des professionnels de santé. En 2019, ce projet innovant avait reçu le grand prix du Généraliste pour ses actions mises en place par la structure (sport-santé, prise en charge de la bronchiolite, de la lombalgie chronique, etc.). Depuis, l’établissement a reçu un label du ministère pour ses actions de promotion de l’activité sportive. Les professionnels de santé développent également d’autres missions de santé publique. Les médecins ont notamment initié un parcours « sevrage tabagique » à destination des patients à risque. Après les avoir identifiés, les généralistes peuvent ainsi orienter leurs patients vers Aude Raffray, infirmière Asalée, pour leur apporter un suivi renforcé (accompagnement personnalisé pour l’arrêt du tabac, test respiratoire, dépistage du cancer thoracique, etc.).