« Première cause de mortalité chez les femmes, les maladies cardiovasculaires (CV) sont à l’origine de huit fois plus de décès que le cancer du sein », a rappelé le Pr Pascal Motreff. L’incidence des infarctus du myocarde (IDM) augmente chez la femme, aussi bien dans la population âgée que chez celles de moins de 60 ans. La proportion d’IDM chez les femmes jeunes a doublé en quinze ans. Aujourd’hui chez la femme, un IDM sur quatre survient avant 60 ans.
Le tabagisme au premier plan
La « masculinisation » du mode de vie pourrait être en cause, notamment le tabagisme, dont la prévalence n’a cessé de croître au fil du temps chez les femmes tandis qu’elle baissait chez les hommes. Selon l’étude WAMIF présentée lors du dernier congrès européen de cardiologie, les trois quarts des IDM avant l’âge de 50 ans concernent des fumeuses. Mais d’autres facteurs interviennent, en particulier l’effet plus marqué du diabète et de l’hypertension artérielle, chez les femmes que chez les hommes, comme l’a mis en évidence une analyse de la cohorte de la UK Biobank. Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer les effets délétères de la consommation de drogues dites récréatives, qui auraient été responsables de 0,5 % des 740 000 IDM survenus en France entre 2010 et 2018. Enfin, les femmes ont des facteurs de risque CV spécifiques, comme les maladies auto-immunes, le diabète gestationnel, l’hypertension gravidique, la prééclampsie ou la ménopause précoce. Sans oublier les facteurs socio-économiques, le stress et la dépression.
Un moins bon pronostic
Certes, le pronostic des IDM a connu une amélioration considérable depuis la fin des années 1990, notamment grâce au recours à la revascularisation. Mais, il reste moins bon chez les femmes que chez les hommes. La mortalité hospitalière est de 38 % plus élevée et le risque de décès à un an est augmenté de 56 %.
Ce moins bon pronostic peut être expliqué par plusieurs paramètres : l’âge en moyenne plus élevé des femmes au moment de l’IDM (10 ans de plus que les hommes), l’effet négatif plus marqué des facteurs de risque, le territoire myocardique atteint, le délai d’intervention… « Chez la femme, la chaîne de l’urgence est plus distendue », a souligné le Pr Motreff. Et ceci ne doit pas être mis au compte de symptômes atypiques, il s’agit d’une idée reçue. Une douleur thoracique typique est en effet rapportée dans 85 à 90 % des cas dans les deux sexes. La récente étude WAMIF a montré que ce taux s’élève à 92 % chez les femmes jeunes. À côté de ce délai d’intervention plus tardif, les femmes sont également globalement moins bien traitées.
Des MINOCA plus fréquents
Sur le plan des lésions anatomiques, les femmes présentent souvent des lésions des petites artères et une prévalence des IDM sans sténose coronaire significative (MINOCA) doublée par rapport aux hommes. Les MINOCA peuvent être liées à différents mécanismes, notamment à une érosion de plaque, un spasme coronaire ou une dissection coronaire spontanée. Il est essentiel de préciser l’étiologie, en s’aidant de l’imagerie, en particulier du couplage de l’IRM et de la tomographie en cohérence optique (OCT) endocoronaire. La dissection coronaire spontanée n’est pas exceptionnelle et représenterait environ 30 % des cas des syndromes coronaires aigus chez la femme de moins de 60 ans avec moins de deux facteurs de risque CV. Sa prise en charge est spécifique, le plus souvent conservative. Enfin, on peut regretter le manque de données pharmacologiques chez les femmes, qui sont moins représentées dans les études cliniques.
D’après la communication du Pr Pascal Motreff (Clermont-Ferrand)
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