Après un syndrome coronaire aigu (SCA), les recommandations préconisent une reprise précoce du travail, entre un et trois mois après l’événement. Or, seul un patient sur deux reprend le travail dans les trois mois, selon une étude récente. Dans la majorité des cas (88 %), la reprise du travail se fait entre trois et six mois. Mais au terme de deux ou trois ans, le taux d’emploi diminue progressivement et in fine à peine deux tiers des personnes travaillent à temps plein. Ce constat un peu pessimiste doit être tempéré par les énormes progrès réalisés depuis le début des années 2000, où la perte d’emploi atteignait 37 % à un an (contre 7 % en 2018).
L’âge est bien sûr l’un des principaux déterminants du retour au travail après un infarctus du myocarde (IDM), à côté du niveau social et d’études, de la vie en milieu urbain, du score de complications au cours de l’hospitalisation ou de la charge physique du poste occupé.
Pour un retour très précoce ?
Peu d’études se sont penchées sur une reprise très précoce du travail, mais les quelques données disponibles sont plutôt rassurantes. Dans l’essai PAMI-2, publié en 2006, le retour au travail deux semaines après une angioplastie primaire, pour un IDM avec sus-décalage du segment ST, n’avait pas été associé à des effets délétères particuliers. Une étude, menée à la fin des années 2000, avait souligné l’importance de la stratification des patients pour identifier ceux à faible risque. Ces derniers pouvaient reprendre précocement leurs activités professionnelles sans accroître le risque d’événement cardiaque, de revascularisation, ni d’effet sur la fraction d’éjection ventriculaire.
Le suivi d’un programme de réadaptation joue aussi un rôle positif, en particulier lorsqu’il est réalisé en ambulatoire. Ceci est d’autant plus important que le retour au travail est bénéfique pour le patient, puisqu’il permet de réduire le risque de dépression et d’améliorer la qualité de vie, comme cela a été souligné dans l’étude Euroaspire IV.
La place du test de stress
Si la décision de la reprise d’activité revient au médecin du travail qui connaît l’environnement professionnel de la personne, le cardiologue joue un rôle majeur dans l’évaluation du risque cardiovasculaire et de la capacité fonctionnelle du patient. Un algorithme prenant en compte des critères physiques (mais pas psychologiques) a été proposé en 2012. Il ne concerne que les sujets indemnes de troubles du rythme évidents. « Il est important de réaliser préalablement un test de stress, limité par les symptômes », a souligné le Dr Pierre Attali. Il faut également prendre en compte que l’effort, lors d’une activité professionnelle, est soutenu toute une journée, et viser 60 % de la capacité fonctionnelle maximale.
Et en cas d’insuffisance cardiaque ?
La situation est un peu plus complexe chez les patients en insuffisance cardiaque (IC), exposés à un risque hémodynamique, rythmologique et embolique, sans compter les risques propres liés à l’étiologie (ischémique ou valvulaire).
« L’IC est une maladie évoluée. De façon générale, si le travail a une composante physique significative, la reprise n’apparaît pas raisonnable », a indiqué le Pr Alain Cohen-Solal. Mais toutes les IC ne se ressemblent pas, tout comme les activités professionnelles. Chaque cas est particulier. Pour certains patients souhaitant retravailler, une évaluation fine de l’état cardiaque et de la profession peuvent permettre une reprise au même poste ou avec une adaptation.
Dr Isabelle Hoppenot
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