Contraception définitive

Le généraliste a un rôle fondamental

Publié le 11/10/2011
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Crédit photo : BSIP

LÉGALISÉE depuis dix ans sous la terminologie de « stérilisation à visée contraceptive », la contraception définitive (CD) peut être réalisée par vasectomie, ligature des trompes sous cœlioscopie ou méthode Essure qui consiste à introduire un micro-implant dans les trompes par voie hystéroscopique. En France, en termes de nombre d’actes de CD, cette dernière a pris le pas sur la ligature des trompes.

« En soins primaires, il faut savoir penser à proposer à la femme une technique de CD en dehors de tout préjugé et dans des situations clairement établies », souligne le Dr Thierry Brillac (Toulouse). La méthode Essure est réservée aux femmes majeures ne désirant plus d’enfants, qui souhaitent être libérées des contraintes de la contraception, ne peuvent pas utiliser d’autres moyens de contraception ni supporter une anesthésie générale, pour lesquelles la maternité représente un risque ou qui sont sous traitement anticoagulant. En ce qui concerne l’allergie avérée au nickel (un des composants des implants) qui figure parmi les contre-indications de Essure, le Pr Pierre Panel (Versailles) explique qu’elle existe probablement, « mais est rarissime » en rappelant que les stents sont fabriqués avec le même matériau sans soulever de débat particulier.

« Pour les femmes de moins de 40 ans, depuis octobre 2010, l’acte médical n’est plus remboursé sauf en cas de contre-indication majeure aux contraceptions hormonales ou aux dispositifs intra-utérins et en cas de pathologie contre-indiquant la grossesse », fait remarquer le Dr Brillac.

Consultations préalable et différée.

À l’issue de la première consultation, le médecin doit remettre à la femme un dossier d’information écrit et rédiger une attestation de consultation médicale. La loi impose un délai de réflexion de quatre mois avant la procédure. La pose des implants est réalisée dans un établissement de santé par un chirurgien gynécologue entre le 5e et le 10e jour du cycle. Leur bon positionnement est vérifié lors d’un contrôle après trois mois par un abdomen sans préparation (ASP). Le Pr Panel estime que « l’ASP doit être analysé par le chirurgien qui a posé les implants, en corrélation avec le compte rendu opératoire ».

Comme le note le Dr Brillac, le médecin de soins primaires doit, d’une part, « insister sur l’importance de cette consultation différée et de l’utilisation d’une contraception efficace pendant trois mois » et, d’autre part, « s’assurer de la prescription et de la réalisation de l’ASP et que la consultation à 3 mois, auprès du chirurgien gynécologue est bien effectuée ». Il garde aussi toute sa place dans la poursuite de la prise en charge de la patiente et son suivi gynécologique habituel.

Objectivé par plusieurs études, le taux de succès élevé de la méthode Essure est confirmé par les résultats préliminaires de l’étude SUCCESS II. Cette étude observationnelle prospective nationale multicentrique va évaluer l’efficacité finale de la technique à 3 mois et jusqu’à 5 ans dans la vie réelle sur une série de 2 500 patientes. Elle devrait également permettre d’identifier les facteurs prédictifs de succès et de douleur de la pose des implants.

Des différences culturelles ?

En France, comme en Hollande, plus de 90 % des femmes sexuellement actives et ne désirant pas d’enfant prennent une contraception. Mais la similitude s’arrête là. En effet, les méthodes utilisées ainsi que le taux d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) varient selon le pays. La pilule prédomine entre 15 et 49 ans chez les Françaises et jusqu’à seulement 35 ans chez les Hollandaises. Des données de 2008 montrent que la CD est plus souvent choisie par les couples hollandais (10 %) que français (2 %). La même année, le taux d’IVG était deux fois plus élevé en France (14,7 pour 1 000) qu’en Hollande (7/1 000) où, par ailleurs, le délai de réflexion de quatre mois pour la CD n’existe. D’après le Pr Michel Vleugels (Tiel, Hollande), ces différences s’expliquent par le fait que « les consultations sont plus adaptées aux besoins et aux situations de chaque couple, les femmes sont informées de toutes les méthodes par des médecins généralistes bien formés et le sujet de la sexualité est abordé en famille sans tabou ».

Session « contraception » organisée avec le partenariat de la société Conceptus SA.

 Dr CATHERINE FABER

Source : Le Quotidien du Médecin: 9022