Les femmes fontaines : mythe ou réalité ?

Publié le 01/08/2012
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fontaine

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Crédit photo : PHANIE

Certaines femmes, au moment de l’orgasme, expulsent un liquide en quantité plus ou moins importante, mais de très loin supérieure à ce qui peut être une hyperlubrification, parfois simplement lors d’une excitation sexuelle. Le Dr Desvaux a rappelé que ce phénomène est connu depuis l’antiquité, déjà évoqué par Hippocrate, voire Galien qui évoquent une éjaculation féminine. La réaction des hommes, dans ce cas, est diverse allant de la quasi-ignorance au dégoût en passant par le narcissisme d’être l’amant idéal !

En 1950, Ernst Graffenberg a évoqué la possibilité d’existence d’une zone située au niveau de l’urètre et responsable de l’orgasme féminin. Ce fut le début des recherches sur le point G dont la dénomination apparue en 1982 (Travaux d’Alice Kahn Ladas, Beverly Whipple et George Perry) qui aboutirent d’ailleurs à la dérive commerciale connue de tous ! De là à assimiler point G et femmes fontaines…

Mais il est troublant de constater que la stimulation de cette zone ou point par certaines femmes était souvent associée à un lâcher prise psychologique important et à un orgasme gratifiant. Cette région a été passée au crible : histologique, échographique, IRM… On a alors parlé de « prostate féminine » en relation avec les glandes de Skene, les glandes para-urétrales plus ou moins abondantes. L’immunohistochimie a retrouvé dans les sécrétions de ces glandes les 15 principales enzymes de la prostate dont les PSA.

Cabello Santa Maria (2001) a dosé les PSA urinaires avant et après orgasme et les a trouvé endosables avant l’orgasme mais très augmentés après un orgasme et éjaculation (moyenne 0,31ng/ml). Les PSA dans le liquide expulsé atteignant des taux de 0 ,82ng/ml. On est alors persuadé que la prostate féminine existe.

Le point G et l’IRM fonctionnelle

Une enquête en ligne (Camille Leboulch, non publiée) a été menée auprès de 35 femmes fontaines. Cette « éjaculation » est survenue dans ¾ des cas après un rapport, ¼ après masturbation. C’était pour la majorité d’entre elles une surprise. Le ressenti était alors une plénitude, un bien-être pour près de la moitié, une gêne, une honte pour 20%. La plupart ont alors pensé à une émission d’urines.

Ces éjaculations étaient, dans la moitié des cas, fréquentes, mais non systématiques. Le volume émis est important voire très abondant, supérieur à un verre d’eau dans 44,4%.

Le Dr P. Desvaux a évoqué les nouvelles tentatives d’explications de ce phénomène après des visualisations IRM de la zone du point G et après les résultats de la thèse publiée en 1997 par Gary Schubach évoquant l’origine vésicale du liquide. Le point G stimulerait en fait l’urètre, la survenue de l’orgasme est objectivée en IRM fonctionnel par une visualisation d’un lâcher prise de la boucle frontopontique inhibitrice du centre réflexe du détrusor (R.Georgiadis).

Il pourrait y avoir, après stimulation sensorielle du point G (par un amant averti, d’autant plus que les pratiques sexuelles évoluent) à la fois une expulsion du contenu des glandes de Skene et para-urétrales en faible quantité (éjaculation vraie) associée à une expulsion d’une grande quantité de liquide provenant de la vessie. L’hypothèse de la prostate féminine n’est donc plus crédible. La stimulation du point G déclencherait une émission d’urines ?

Article initialement publié dans Le Quotidien du médecin du 11 octobre 2011.

Dr L. M-S

Source : Le Quotidien du Médecin: 20120801