Le vaccin développé par Janssen était un vaccin « en mosaïque » dirigé vers plusieurs sous-types de VIH, afin de protéger contre une grande variété de souches mondiales. Cette vaccination combinait un vaccin à vecteur adénovirus (Ad26.Mos4.HIV) avec quatre injections — à 0, 3, 6 et 12 mois — les deux dernières l’associant à deux protéines d’enveloppe « clade C gp140 » et « mosaïque gp140 », avec pour adjuvant le phosphate d’aluminium, afin de stimuler les réponses immunitaires.
Un essai n’oubliant pas la prévention
Cette étude internationale, menée en Europe, Amérique du Nord et du Sud, versus placebo, a débuté en 2019. Elle a inclus 3 900 hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et des personnes trans, à fort risque d’infection par le VIH. L’âge moyen était de 28 ans. Les vaccinations ont été achevées en octobre 2022. Le financement était mi-privé mi-public, l’étude étant sponsorisée par Janssen, mais aussi le National institute of allergy and infectious diseases (Niaid), avec le soutien du département recherche de l’US Army.
« Particularité de cette étude, tous les participants étaient informés avant l’inclusion sur la prévention, et en particulier la Prep, orale ou injectable. Ceux qui le souhaitaient étaient dirigés vers une structure capable de la leur prescrire ; ils n’étaient, dans ce cas, pas inclus dans l’étude. En revanche, ceux qui étaient inclus continuaient à être informés tout au long de l’étude sur la réduction des risques ; ils pouvaient alors recourir à la Prep, ils restaient dans ce cas dans l’étude. 3,8 % patients-année y ont recouru », explique la Dr Susan Buchbinder (San Francisco, Californie).
Parfaitement toléré, mais inefficace
Si la sécurité d’emploi était totale, avec pas plus d’effets secondaires que sous placebo, l’efficacité n’était pas au rendez-vous, puisque le taux d’infections par le VIH après deux mois de suivi était de 4,1 pour 100 personnes/année dans les deux groupes en ITT et de 3,9 vs. 3,5 en per protocole.
Un précédent essai de phase 2b, Imbokodo, mené avec un schéma vaccinal similaire chez des jeunes femmes d’Afrique subsaharienne n’avait pas non plus montré d’effet protecteur.
Malgré les conseils de prévention dispensés tout au long de l’étude, on déplore toujours un taux élevé d’infections par le VIH, en particulier chez les 18-20 ans, à 5,1 pour 100 personnes-année. Il est de 4,4/100 pa pour les 21-34 ans et atteint 4,7/100 pa dans les pays d’Amérique latine.
Un défi immunologique
« Le vaccin contre le VIH reste beaucoup plus difficile à mettre au point qu’avec les autres virus. Il suppose déjà viser la production d’anticorps fortement neutralisants sur plus d’un site. La diversité génétique du VIH est plus grande, son enveloppe moins immunogénique ; de nombreuses portions des trimères du VIH servant à sa fixation sur un récepteur cellulaire produisent des anticorps de diversion, vis-à-vis desquels on n’a pas de solution, reconnaît le Dr Lawrence Corey (Seattle, Washington). Et, en l’absence de cas humains de guérison du VIH, nous ne disposons pas d’un modèle immunologique à suivre. »
Malgré toutes les difficultés, la communauté de recherche sur le VIH reste pleinement engagée à développer un vaccin, et les diverses approches sont nombreuses. « Le défi scientifique est de mettre ces différentes approches dans un schéma vaccinal cohérent », poursuit le spécialiste. L’essor des vaccins à ARNm pourrait peut-être accélérer le développement de nouveaux candidats vaccins.
Exergue : « En l’absence de cas humains de guérison, nous ne disposons pas d’un modèle immunologique à suivre »
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