Les grandes enquêtes épidémiologiques sur les allergies respiratoires, menées essentiellement au cours des années 1990-2000, avaient montré une augmentation de l’asthme et de la rhinite allergique (RA) dans les pays industrialisés. Mais l’interprétation de leurs résultats n’est pas simple, du fait de la diversité des définitions retenues (questionnaires, tests cutanés, dosage des IgE spécifiques).
Dans l’étude Isaac 1 (1992-1996), les chiffres de prévalence variaient de 0 à 40 %, les pays développés, notamment les pays anglo-saxons, étant les plus touchés. C’est ce constat qui a conduit à l’hypothèse microbiologique des allergies (ou hypothèse hygiéniste) mettant en avant le rôle protecteur du contact précoce et étroit avec les micro-organismes de l’environnement.
Une petite dizaine d’années plus tard, la troisième phase de l’étude Isaac (2000-2003) ne montrait pas d’évolution des taux de prévalence de l’asthme chez les enfants de 6/7 ans et les préadolescents de 13/14 ans et rapportait une tendance à la hausse de la RA. L’évolution s’est faite vers une stabilisation, voire une légère diminution des maladies allergiques dans les pays développés, alors qu’elles semblent en augmentation dans les pays en voie de développement.
Une même tendance dans les pays développés
Depuis 15 ans, il n’y a pas eu d’études épidémiologiques de grande envergure. Une étude menée en région marseillaise, faisant appel aux mêmes outils que ceux utilisés dans l’étude Isaac, a montré une augmentation des allergies au pollen entre 1999 et 2016, leur prévalence passant de 12,7 % à 23,3 %, tandis que celles de l’eczéma et de l’asthme sont restées stables.
En Italie, différentes études réalisées dans le cadre de l’enquête européenne de santé respiratoire ont montré, entre les périodes 1990 et 2010, une augmentation des symptômes d’asthme et surtout de la RA.
Aux États-Unis, la prévalence de l’asthme a augmenté au rythme de 2,9 % par an entre 2001 et 2010, les minorités étant plus particulièrement touchées.
Dans les pays scandinaves, les enquêtes menées chez des sujets adultes (de 20 à 44 ans) montrent elles aussi une progression régulière des allergies respiratoires, plus particulièrement de l’asthme.
On ne peut donc pas parler de stabilisation ni de régression de la fréquence des maladies allergiques respiratoires, qui sont toujours en hausse.
Des causes multiples
Quelles en sont les causes ? La « malbouffe », via la consommation accrue d’acides gras polyinsaturés oméga 6 au détriment des oméga 3 et avec le surpoids et l’obésité qu’elle engendre. L’accroissement des populations en milieu urbain, qui fait écho à l’hypothèse hygiéniste. Le mal-logement, avec par exemple une augmentation entre 2006 et 2019 des Français qui déclarent se priver de chauffage, ce qui favorise les moisissures. Ces dernières concerneraient quelque 20 % des logements dans notre pays. Le confinement de l’air, encore mal documenté, joue probablement aussi un rôle, tout comme le changement climatique, qui génère des inondations et donc des moisissures, mais aussi une infestation par les acariens, dont la prolifération est en lien avec la température.
« La fréquence des maladies allergiques respiratoires continue donc de croître et il faut s’attacher à corriger les facteurs de risque modifiables, tels que le mode d’alimentation, la qualité de l’air intérieur, la lutte contre moisissures », a souligné le Pr Denis Charpin (Marseille).
Communication du Pr Denis Charpin, Marseille
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