Comme pour les allergies respiratoires, il est difficile d’établir avec précision la prévalence des allergies alimentaires (AA), du fait de la diversité des critères diagnostiques utilisés dans les enquêtes (questionnaires, éviction alimentaire, anaphylaxie, test de provocation orale).
En France, une étude de 2005 faisait état d’une prévalence cumulée de 6,7 % chez l’enfant, chiffres assez proches de ceux rapportés dans deux revues systématiques : 5 % chez l’enfant et de 3 à 4 % chez l’adulte en 2010, contre respectivement 8 % et 5 % en 2014.
La prévalence des AA est, dans tous les cas, élevée, estimée à 7,8 % chez les enfants aux États-Unis en 2018, les aliments le plus souvent en cause étant, par ordre décroissant, l’arachide, le lait, les crustacés et les fruits à coque (FAC). Quelque 40 % de ces enfants ont une polyallergie alimentaire et une proportion identique a fait au moins une réaction sévère. Dans cette même enquête, la prévalence des AA était de 10,8 % chez les adultes, les crustacés venant en tête, devant le lait, l’arachide, les FAC et les poissons. Une polyallergie alimentaire était rapportée dans 45 % des cas et une réaction sévère dans plus de la moitié des cas.
En Belgique, l’enquête nationale des consommations alimentaires pour la période 2014-2015 faisait état d’un taux de 3,1 % d’éviction alimentaire, tandis qu’aux Pays-Bas, une enquête datant de 2016, menée auprès d’adolescents retrouvait une AA probable dans 6,2 % des cas.
En France, la troisième étude individuelle nationale des consommations alimentaires a mis en évidence un taux d’AA ou d’intolérance déclarées de 4,2 % chez les enfants de 0 à 17 ans, dont plus de la moitié avaient été confirmées par un médecin. Lait de vache, légumes (dont les tomates, orientant plutôt vers une hyperréactivité à l’histamine), œufs et FAC étaient les aliments les plus fréquemment en cause. Chez l’adulte, ce taux était de 3,9 % avec, là aussi, le lait de vache en tête, suivi des légumes, dont la tomate avec les mêmes réserves, des mollusques et des FAC.
Le poids des antécédents familiaux
Selon les données de la cohorte Elfe (étude longitudinale française depuis l’enfance), cohorte prospective représentative des naissances françaises en 2001, la prévalence cumulée des évictions alimentaires pour allergies (à 2 mois, 2 ans, 3,5 ans et 5,5 ans) était de 6 %, une allergie à plusieurs familles d’aliments étant rapportée chez 1,41 % des enfants. Cette prévalence variait en fonction des antécédents familiaux d’atopie : 7,95 % avec au moins un antécédent, comparativement à 4,35 % en l’absence. Et, chez les enfants ayant une AA rapportée par les parents, 70 % avaient une dermatite atopique, 42 % une rhinite allergique et 25 % un asthme.
L’étude australienne HealthNuts a évalué la prévalence des AA confirmées par un test de provocation orale sur 5 276 enfants de la population générale (entre 2007 et 2011). À l’âge d’un an, 3,1 % étaient allergiques à l’arachide et 9,5 % à l’œuf, un chiffre élevé qui peut être expliqué par la réalisation de TPO à l’œuf cru, particulièrement sensibilisant. À l’âge de 6 ans, 3,3 % des enfants étaient allergiques aux FAC et 2,8 % à l’arachide. Cette étude a également mis en évidence un lien entre les AA à l’âge d’un an et de 6 ans.
Augmentation des anaphylaxies chez les enfants
Les anaphylaxies sont en hausse, comme le souligne une enquête menée au Royaume-Uni, qui a rapporté une augmentation des hospitalisations pour anaphylaxie (mais pas des décès) entre 1992 et 2012. L’incidence est passée de 1 à 8/100 000 chez les filles et de 1 à 6/100 000 chez les garçons.
Aux États-Unis, les anaphylaxies (liées à une AA dans un quart des cas) ont connu globalement une hausse jusqu’en 2013, avant de diminuer par la suite. Mais une analyse plus fine met en évidence une stagnation des anaphylaxies chez les adultes alors qu’elles sont en nette hausse dans la population pédiatrique, notamment chez les enfants d’âge préscolaire.
En France et dans les pays limitrophes, 1 890 cas d’anaphylaxie sévère ont été notifiés au réseau d’allergovigilance entre 2012 et 2017, à l’origine de 16 décès dont 11 chez des enfants. Parmi les allergènes responsables de ces réactions sévères, on observe une émergence des légumineuses, qui doit être prise en compte à l’heure des modifications de nos habitudes alimentaires.
Communication de la Dr Amandine Divaret-Chauveau, Nancy
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