Les céphalées touchent 50 à 60 % des enfants, la grande majorité sont primaires. Une analyse récente chez des 8-18 ans a relevé 11 [9-14] % de migraines : 8 [5-12] % sans aura et 3 [2-4] % avec (1). La prévalence augmente avec l’âge, avec une nette prédominance féminine après la puberté.
Le traitement médicamenteux des crises de migraine chez l’enfant repose sur les recommandations de la Société française d’études des migraines et céphalées (SFEMC), en 2021, et celles de l’Association américaine de neurologie, en 2019. Ces dernières s’accordent sur le fait que le premier traitement est l’ibuprofène, à la dose de 10 mg/kg par jour (400 mg max), dès le début de la crise. Pour les adolescents, à partir de 12 ans ou pesant plus de 30 kg, l’utilisation des triptans est recommandée. En France, seul le sumatriptan intranasal 10 mg possède l’AMM. Cependant, le zolmitriptan, le rizatriptan et l’almotriptan peuvent également être utilisés, en fonction de la sensibilité individuelle aux triptans.
De manière générale, « les enfants reçoivent souvent des doses inadéquates, augmentant le risque de céphalées par abus médicamenteux », dénonce la Dr Juliette Andreu-Gallien (hôpital Trousseau, AP-HP).
Les enfants reçoivent souvent des doses inadéquates
Dr Juliette Andreu-Gallien
Par ailleurs, « il y a des situations où nous n’avons pas très envie de prescrire des médicaments », reconnaît la spécialiste, en l’occurrence dans le cas des céphalées de tension de l’enfant. Alors que, chez l’adulte, les traitements incluent l’acétaminophène/paracétamol, l’aspirine, l’ibuprofène +/- caféine pour les céphalées de tension épisodiques, il existe peu de publications en pédiatrie dans ce contexte, d’où un traitement principalement non médicamenteux.
En cas de céphalées fréquentes, la consultation d’un psychologue est indiquée. Dans la migraine, chez les enfants, le seuil pour envisager un traitement de fond se situe entre quatre et six crises par mois. Mais, du fait d’un effet placebo important – bien supérieur à celui observé chez l’adulte –, la question de l’intérêt de prescrire ces traitements chez l’enfant est légitime. Ce n’est donc qu’après avoir essayé les techniques psychocorporelles et la gestion des comorbidités (signes anxieux et dépressifs) que l’on peut discuter la prescription d’amitriptyline ou de propranolol.
(1) Onofri A et al. J Headache Pain.
2023 Feb 14;24(1):8
Article précédent
Le dépistage néonatal vers un grand bond en avant ?
Article suivant
La mélatonine pour améliorer le sommeil des enfants avec TSA
Après la pandémie, le Streptocoque A sous haute surveillance
Recrudescence inexpliquée des infections à M. pneumoniae
Le dépistage néonatal vers un grand bond en avant ?
Faut-il médiquer les céphalées de l’enfant ?
La mélatonine pour améliorer le sommeil des enfants avec TSA
Vitamine D : supplémentation insuffisante chez l’enfant
Les SMS du congrès SFP 2024
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?