Créé en réponse à la recrudescence d’une ampleur inattendue des cas d’infections respiratoires à Mycoplasma pneumoniae durant l’hiver 2023-2024, l’observatoire français Origami livrait ses résultats préliminaires au congrès.
La corrélation a été vite établie entre les motifs de consultation aux urgences et la flambée des pneumopathies bactériennes, surtout chez les 5-14 ans et les 15-44 ans. Le réseau de laboratoires hospitaliers Renal a confirmé l’augmentation du nombre de tests positifs pour M. pneumoniae, deuxième cause de pneumonies communautaires bactériennes (30 %), derrière le pneumocoque.
« La cyclicité épidémique de M. pneumoniae, tous les 3 à 7 ans et durant environ 18 mois, est bien décrite, indique la Dr Marion Ashman (hôpital Trousseau, AP-HP), probablement en raison de la variation antigénique de l’adhésine P1, qui confère une immunité de courte durée. » Un nouveau cycle devait survenir en 2024 mais, malgré l’augmentation des infections par suite de la levée des mesures barrières contre le Covid-19, la réémergence reste inexplicablement retardée. « Des facteurs supplémentaires autres que la dette immunitaire sont donc probablement en jeu », avance la pédiatre.
Pour y voir plus clair, l’observatoire national Origami a été instauré. Pilotée par le GPIP/Activ (Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique/association clinique et thérapeutique infantile du Val-de-Marne), cette étude observationnelle multicentrique rétrospective et prospective recense les infections à M. pneumoniae documentées (PCR et/ou sérologie) chez les moins de 18 ans. Les premiers résultats indiquent que les tableaux respiratoires sont les plus fréquents. Les formes graves, essentiellement extrapulmonaires, restent rares. L’infection touche principalement les plus de 3 ans et les adolescents. Le taux de mortalité global à ces âges est inférieur à 0,1 %.
Dans le détail des chiffres, 654 patients ont été inclus depuis le 18 août 2023, provenant de 28 centres. Un pic d’admission a été observé entre novembre 2023 et janvier 2024. La tranche d’âge la plus touchée est celle des 3-8 ans, avec un âge médian et moyen de 7,4 ans. L’atteinte pulmonaire prédomine, représentant plus de 90 % des cas, et 57 % des patients ont nécessité une oxygénothérapie. 32 % et 15 % des patients présentent une atteinte ORL ou cutanée, respectivement. 12 % ont eu besoin d’un support ventilatoire (Optiflow/VNI) et 1 % ont dû être intubés. En tout, 37 patients ont été admis en réanimation et deux décès sont survenus.
Le portage asymptomatique (20 % environ des individus), bien que débattu, contribue aux infections respiratoires. « Les formes extrapulmonaires, qui surviennent dans environ 25 % des cas selon la littérature, seraient souvent liées à des manifestations auto-immunes, présente la Dr Ashman. Ces formes sont plus rares, sévères et justifient souvent l’hospitalisation. » Les formes cutanéomuqueuses incluent l’érythème polymorphe, le syndrome de Stevens-Johnson, la stomatite ulcérative, l’érythème noueux et l’urticaire. Les complications neurologiques comprennent l’encéphalite, la méningite, la myélite et le syndrome de Guillain-Barré. Des arthrites post-infectieuses peuvent également survenir ainsi que des complications hématologiques, comme l’anémie hémolytique, le syndrome d’activation macrophagique ou le purpura.
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