L'endométriose peut être superficielle, ovarienne (endométriome) ou profonde (infiltration sur plus de 5 mm). De plus, il existe plusieurs types histologiques et beaucoup d'organes peuvent être touchés : les tissus utérins, vaginaux, vésicaux, urétraux, coliques, rectaux, anaux, musculaires et cutanés.
Une pluridisciplinarité nécessaire
« La prise en charge de l’endométriose est donc presque toujours multidisciplinaire. Elle associe souvent le gynécologue à un gastro-entérologue et un urologue », explique le Pr Jean-Nicolas Cornu (CHU de Rouen), responsable du Comité d'urologie et de périnéologie de la femme (CUROPF). « Les cas cliniques complexes d’endométriose, notamment ceux impliquant la sphère urologique, sont légion. L'urologue a donc souvent toute sa place dans la prise en charge », ajoute le Pr Dominique Rossi (CHU de Marseille), président du congrès français d’urologie.
Au niveau du système urinaire, la maladie est associée à plusieurs types d'atteintes. On observe notamment une infiltration des tissus vésicaux et des urètres, une « inflammation de continuité » pouvant se projeter sur d'autres organes, et/ou une atteinte des nerfs pelviens engendrant une « interaction viscérale pelvienne », dont les mécanismes (via probablement le système nerveux central) restent mal élucidés. La présentation clinique est riche et variée au niveau urologique, sans compter les complications éventuelles de la chirurgie de l'endométriose. « Le point clé en urologie est donc de savoir évoquer une endométriose, en particulier devant des troubles urinaires complexes. Il ne faut pas hésiter à adresser les patientes en radiologie, afin de réaliser une IRM pelvienne, examen de choix de l'endométriose », relève le Pr Cornu.
Une intervention chirurgicale complexe
« Une bonne partie des endométrioses se traitent par voie médicamenteuse. Néanmoins, dès que la maladie devient plus envahissante, la chirurgie est recommandée, rappelle le Pr Xavier Gamé (CHU de Toulouse), secrétaire général de l'Association française d’urologie (AFU). En la matière, le chirurgien est souvent le gynécologue, voire le gastro-entérologue. Dès qu'il y a des nodules au niveau de l'appareil urinaire, l'urologue doit faire partie des discussions en amont de l'intervention. Ce peut aussi être le cas durant l'intervention lorsque l'IRM n'a pas mis en évidence une compression de l'uretère ou un envahissement de la vessie, retrouvés au bloc opératoire. Enfin, l'urologue est parfois appelé à participer à la chirurgie. On est alors dans une chirurgie à quatre mains ».
Par ailleurs, la chirurgie n'est pas sans risques. En effet, plus l'envahissement est important et la dissection des tissus nécessaire, plus l'intervention risque d'induire des lésions nerveuses…
Une place essentielle
En postopératoire, une patiente sur dix est guérie de son endométriose mais souffre de troubles urinaires. Dans de nombreux cas, il faut y ajouter les 1 à 50 % de troubles urinaires existants avant l'intervention. « L'urologue a donc un rôle crucial à jouer dans la prise en charge de l'endométriose, souligne le Pr Gamé. D'autant que la symptomatologie n'est pas toujours limpide. Dans l'endométriose sévère, les troubles urinaires peuvent en effet être masqués par une symptomatologie riche ». Ainsi, il convient de rechercher et d'évaluer systématiquement les troubles urinaires, avec un bilan urodynamique avant et après l'intervention. Cette démarche a en outre le mérite d'impliquer d'emblée l'urologue dans la prise en charge. Cela permet d'informer les femmes avant l'intervention des risques urinaires, des bénéfices attendus, et de les rassurer sur leurs modalités de prise en charge.
(1) Campin L et al. Urinary functional disorders bound to deep endometriosis and to its treatment: review of the literature. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris) 2014 Jun;43(6):431-42
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