« Les urgences en urologie sont un vaste sujet qui touche autant à la médecine qu'à la chirurgie. Quand nous avons commencé à réaliser une photographie de l'activité urologique urgente en France, nous n'avons rien trouvé… ou plutôt rien qui permette de colliger l'ensemble des urgences urologiques, révèle le Pr Romain Boissier (hôpital de la Conception, Marseille). Nous sommes donc allés voir du côté des données du réseau OSCOUR de Santé publique France ». Il s'agit d'un réseau non spécifique regroupant 90 % des services d'urgence au niveau national. Créé en 2004 après la grande canicule, il surveille en direct la santé des Français pour dépister rapidement les évènements particuliers, nationaux ou régionaux, tels que des épisodes caniculaires ou une épidémie comme le Covid-19.
Des hospitalisations plus fréquentes
L'examen des données de 2014-2019 montre que 4,2 % des passages aux urgences, soit 590 000 par an, relèvent de l’urologie. Parmi eux, un quart (25 %) occasionnera une hospitalisation, alors que le taux moyen d'hospitalisation lors d'un passage aux urgences tous motifs confondus est de 5 %. « Mais cette proportion d'hospitalisations urologiques urgentes est extrêmement variable en fonction du motif d'arrivée : 40% pour les rétentions d'urine ou les coliques néphrétiques, et jusqu’à 80 % pour les causes traumatiques (traumatisme du rein suite à un accident) », précise le Pr Boissier.
Attention à la rétention d'urine
Sans surprise, au sein des urgences urologiques, les causes infectieuses (cystite, prostatite, pyélonéphrite) sont les plus fréquentes. Elles sont suivies par les urgences du haut appareil urinaire, comme la colique néphrétique ou les rétentions d'urines. Chez les hommes, la rétention d'urine représente même globalement la seconde urgence, en termes de fréquence. En 2019, la rétention aiguë d'urine a motivé à elle seule plus de 63 000 passages aux urgences. Heureusement, ces patients n'occupent généralement pas longtemps les lits. La durée moyenne de séjour aux urgences pour ce motif est de quatre heures environ.
Conseils pratiques et protocoles
Dans le rapport réalisé cette année sur les urgences urologiques, les auteurs ont rassemblé des conseils pratiques sur des gestes courants, tels que le drainage vésical, la pose et le retrait d'une sonde. Ils ont également passé en revue les divers protocoles, des plus classiques aux plus originaux de prise en charge de la douleur dans la colique néphrétique. « Avec à la clé une mise en perspective de la place du paracétamol, des anti-inflammatoires, de la morphine, mais aussi de thérapeutiques potentiellement prometteuses comme la lidocaïne ou la kétamine. Sans oublier les injections intradermiques de petites « papules d'eau » au niveau lombaire, traitement original en cours d'évaluation qui semble permettre de réduire les besoins en antalgiques », explique le Pr Pierre-Henri Savoie, médecin chef de santé des armées à Toulon.
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