La toxoplasmose est une maladie le plus souvent bénigne, voire asymptomatique. Elle est néanmoins responsable, dans sa forme congénitale, d'atteintes fœtales et néonatales parfois sévères (choriorétinite, calcifications intracrâniennes, hydrocéphalie). Mais l’épidémiologie et le devenir des enfants a changé depuis le programme de dépistage et de prévention instauré en 1978. Et la Haute Autorité de santé (HAS) se pose des questions quant à son intérêt. Un groupe de travail du CNGOF a été chargé de rendre un avis.
Depuis plusieurs années, on observe une baisse de la prévalence et de l’incidence de la séroprévalence de la toxoplasmose en France. En 2015, 243 cas de toxoplasmose congénitale ont été diagnostiqués : 105 ont fait l’objet d’un diagnostic prénatal. Il y a eu cinq interruptions médicales de grossesse, une mort fœtale et 17 nouveau-nés symptomatiques dont quatre avec des symptômes sévères à la naissance.
Par ailleurs, la prévention primaire de la toxoplasmose consiste notamment à bien se laver les mains, à nettoyer les fruits et légumes souillés de terre, à cuire à cœur les viandes, à éviter le contact avec les chats. Mais d’après les études, trop peu de femmes appliquent ces mesures de façon satisfaisante.
Les outils biologiques pour le dépistage et le diagnostic de l’infection toxoplasmique chez la mère et le fœtus sont efficaces. Alors que les dernières études sont contradictoires en ce qui concerne l'utilité de tout traitement – qu'il soit préventif ou thérapeutique – sur le taux de transmission verticale ou les signes cliniques chez les enfants.
Enfin, pourrait se poser la question du coût de ce dépistage : n’est-il pas disproportionné ? Une étude américaine basée sur des données françaises a montré que le rapport bénéfice/coût du protocole français de dépistage était favorable dès lors que le taux de toxoplasmose congénitale dépasse 1 pour 10 000 (3/10 000 en France et 1/10 000 aux États-Unis ) et qu’il faudrait l’appliquer aux États-Unis !
Compte tenu de tous ces arguments, le protocole français semble bénéfique.
Aucune alternative n’est satisfaisante : dépistage trimestriel, néonatal, ciblé (pas de population à risque). Néanmoins la recherche reste nécessaire afin de diminuer le coût des sérologies, de mieux valider les traitements préventifs actuels (Toxopérinat PHRC 2019) et d’améliorer les stratégies de traitement (pyrimethamine + azithromycine notamment).
Communication du Pr Laurent Mandelbrot (Colombes)
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