L’inactivité physique serait responsable de 25 % des cancers en France. Une récente analyse de la littérature médicale (725 074 cas de cancers) a relevé que l’activité physique était associée à un risque diminué de sept cancers : colon, sein, endomètre, poumon, œsophage, pancréas et méningiome. Mais seules la réduction du cancer du côlon et celle du cancer du sein étaient étayées par des preuves fortes (colon) ou hautement évocatrices. Il y avait trop de biais dans les études portant sur les autres cancers.
Si les bienfaits de l’activité physique ne font plus de doute dans le cancer du sein, ses mécanismes d’action ne sont pas encore élucidés. Différentes hypothèses sont émises : moindre insulinorésistance, réduction de l’inflammation chronique, renforcement de l’immunité, diminution des taux circulants d’estrogènes, réduction de l’adiposité…
« En prévention, une revue de 73 études a montré que l’activité physique diminuait le risque de cancer du sein de 25 %. Une méta-analyse portant sur 31 études prospectives (63 789 femmes) a également confirmé cette diminution du risque », a souligné le Dr Marc Espié (Paris). « Il faut au moins faire 2 heures 30 de marche rapide par semaine. Il existe une relation dose réponse : l’effet est augmenté avec plus de 4 heures de marche par semaine. Une activité physique récréationnelle poursuivie tout au long de la vie est souhaitable. »
Le seul traitement de la fatigue
Pendant et après les traitements, l’activité physique est surtout bénéfique pour lutter contre la fatigue qui est la plainte qui persiste tout au long de la maladie dès le début de la prise en charge (50 %) et à distance des traitements (80 %).
« Globalement, l’activité physique réduit la fatigue liée au cancer du sein de 35 % (18 % en moyenne pendant les traitements et jusqu’à 37 % selon les études après les traitements). C’est le seul traitement validé de la fatigue en oncologie, a insisté le Dr Marc Espié. Elle doit être débutée précocement, mobiliser les quatre membres, associer plaisir, convivialité, sécurité et assurer une dépense énergétique minimale pour être efficace. »
L’activité physique améliore également la qualité de vie, l’anxiété, le sommeil et les fonctions cognitives. Elle permet de prévenir le surpoids. Elle augmente la tolérance aux traitements. Elle est faisable pendant la chimiothérapie adjuvante et est bien tolérée. Elle réduit le lymphœdème (étude italienne Dragon boat).
À plus long terme, la pratique d’une activité physique régulière et adaptée présente des bénéfices en termes de survie : à 5 ans + 4 % et à 10 ans + 6 %.
L’activité physique est également bénéfique dans la réduction du risque de survenue du cancer de l’endomètre. En revanche, il n’y a pas encore de certitudes en ce qui concerne le cancer des ovaires et du col.
Rappelons que la prescription d’activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une affection longue durée (ALD) est désormais inscrite dans la loi (décret du 30 décembre 2016).
Communication du Dr Marc Espié (Paris) lors de la session « Activité physique et gynécologie »
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