« Sous ce terme de milieu périlleux, on désigne tous les milieux compliqués et difficiles en dehors de la médecine de guerre. Cela comprend donc les interventions en montagne, en mer, en milieu tropical ou désertique ou pour secourir des spéléologues par exemple », explique le Dr Dominique Savary, responsable du SAMU 74 et chef du pôle réanimation-urgences-Samu de l’hôpital Annecy-Genevois.
En solitaire
L’intervention des urgentistes dans un milieu périlleux présente un certain nombre de spécificités. « Tout d’abord, il est très souvent impossible d’intervenir avec une équipe médicale constituée avec un ambulancier et un infirmier. Le plus souvent, il faut intervenir seul. En conséquence, seuls les praticiens confirmés peuvent faire ce type de mission. Intuber un patient, c’est déjà parfois difficile avec une équipe constituée. Alors seul, en haute montagne, je vous laisse imaginer… », explique le Dr Savary. « Dans mon service, je compte 57 urgentistes. Seulement une vingtaine sont capables d’intervenir en milieu périlleux ».
Être capable de se déplacer
Autre condition : bien connaître le milieu d’intervention et être capable de s’y déplacer. « Cela est indispensable par exemple en haute montagne, où l’on ne peut pas improviser. Bien souvent d’ailleurs, les urgentistes sont guidés par les PGHM (peloton de gendarmerie de haute montagne). L’intervention en milieu spéléologique requiert aussi une grande expérience. Quand le médecin descend dans le trou, on ne sait jamais quand il va remonter. Parfois, l’intervention peut prendre 24 ou 48 heures », indique le Dr Savary.
Une autre contrainte concerne le choix du matériel à emporter. « Il faut du matériel ultra-léger qui puisse être porté dans des sacs à dos. Et on ne peut donc pas prendre avec soi tout le matériel dont on dispose dans une ambulance de réanimation. En milieu humide, on ne peut pas prendre de matériel électronique (scope, défibrillateur…) et on est obligé de s’appuyer sur du matériel mécanique », explique le Dr Savary, en ajoutant que le vecteur de transport a aussi une influence sur le choix du matériel. « Dans la très grande majorité des cas, on intervient en hélicoptère et on doit donc tenir compte des problèmes de variations d’altitude. Par exemple, on ne peut pas prendre d’attelles gonflables à cause de ces variations. Quand on monte, il y a un risque de compression des membres du patient par les attelles et quand on va redescendre, au contraire, la pression va diminuer au niveau des attelles avec un risque que le patient ne soit pas suffisamment maintenu », explique le Dr Savary.
VTT, parapente
Les pathologies prises en charge en milieu périlleux sont de nature très variable. « Il y a très peu de médical - moins de 10 %- même si on voit de plus en plus de gens un peu plus âgés qui partent en randonnée et peuvent faire un syndrome coronarien ou une détresse respiratoire. Mais dans 90 % des cas, on a affaire à de la traumatologie de gens qui tombent. On a notamment une proportion importante de VTT et de parapente. Les gens en parapente se cassent les jambes et le bassin tandis que ceux en VTT font plutôt de la traumatologie du crâne ou des épaules », note le Dr Savary, en précisant que cette activité est très importante pour son service. « Nous ne sommes qu’un CH et pourtant nous avons autant de traumatologie grave qu’un CHU comme celui de Grenoble. Chaque année, nous avons entre 400 et 450 patients traumatisés sévères ».
Exergues ou légendes : cf phrases en gras…
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