Existe-t-il un bénéfice à traiter en préhospitalier, avec des anti-agrégants plaquettaires, des patients avec un syndrome coronarien aigu (SCA) ? Cette question, importante pour les urgentistes, est au cœur de l’étude ATLANTIC, qui a été présentée au congrès 2014 de la Société européenne de cardiologie (ESC). Un des promoteurs de cette étude internationale multicentrique, le Pr Frédéric Lapostolle (Avicenne, Bobigny) en présentera les grandes lignes lors de ce congrès urgences 2015.
Menée sur 1 870 patients issus de 13 pays, l’essai ATLANTIC visait à comparer une administration pré-hospitalière de ticagrelor à la dose de 180 mg, versus une administration en salle de cathétérisme avec la même dose. « L’étude confirme l’intérêt de délivrer des traitements anti-agrégants plaquettaires puissants dès la phase préhospitalière chez des patients avec un SCA avec sus-décalage du segment ST », indique le Pr Lapostolle, en ajoutant que cette question reste encore en débat chez les patients avec un SCA ST-.
« Les études actuelles font discuter du caractère licite ou non de démarrer un traitement en phase pré-hospitalière. On ne discute pas ici de la nécessité de délivrer de l’aspirine ou un anti-agrégant plaquettaire. La discussion porte sur la délivrance en pré-hospitalier d’un deuxième anti-agrégant plaquettaire, un inhibiteur P2y12. Aujourd’hui, cette question fait débat. Certains estiment qu’il vaut mieux attendre d’être en cardiologie pour affiner les choses. D’autres jugent que ce traitement préhospitalier peut présenter un intérêt pour certains de ces patients avec un SCA ST-, explique le Pr Lapostolle. Ce débat, en tout cas, montre la nécessité de faire mieux sur l’évaluation préhospitalière du risque à la fois ischémique et hémorragique chez ces patients », ajoute-t-il.
Une spécialité encore jeune
L’étude ATLANTIC présente un autre intérêt pour les urgentistes. « Elle confirme l’intérêt que peut avoir l’activité de recherche pour la médecine d’urgence, qui est une spécialité encore jeune. Cela a un effet très structurant. Dans cet essai ATLANTIC, conduit à un niveau international, un tiers des patients ont été inclus en France. C’est un vrai marqueur de ce qui est en train de se passer actuellement dans la prise en charge du SCA. On sait que le diagnostic peut-être fait en préhospitalier à peu près dans les mêmes conditions qu’à l’hôpital. Et en dehors de l’angioplastie, tous les traitements peuvent également être initiés dès la phase préhospitalière », indique le Pr Lapostolle.
Selon lui, la médecine d’urgence a tout à gagner à s’investir dans ces protocoles de recherche menés en lien avec les cardiologues. « Par exemple, nous avons regardé les inclusions qui sont faites en France pour les études sur l’infarctus du myocarde. Et on a constaté que 40 % des inclusions se faisaient en préhospitalier. C’est très valorisant et structurant pour une spécialité comme la médecine d’urgence que de collaborer avec les cardiologues pour ces essais. Il est révolu le temps où urgentistes et cardiologues décidaient seul des prises en charge, chacun dans leur coin. Désormais, on se met autour d’une table et on discute de procédures communes. Et le fait que ces stratégies thérapeutiques sont d’abord testées par les urgentistes permet ensuite une meilleure adhésion par l’ensemble de la spécialité », indique le Pr Lapostolle.
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