Cela fait quatre ans et demi que le Dr Mathias Wargon a mis en place un nouveau système de gestion du flux des patients dans le service des urgences qu’il dirige à l’hôpital Saint-Camille de Bry-sur-Marne (94), un établissement privé à but non lucratif. Ce dispositif, visant à assurer une meilleure organisation des soins et une plus grande fluidité dans le parcours des patients, est inspiré d’un modèle mis en place en 2009 à l’hôpital Bichat-Claude Bernard dans le nord de Paris. « A l’époque, j’ai participé à la mise en œuvre de ce dispositif en lien étroit avec le chef de service Enrique Casalino. Nous n’avons rien inventé de complètement nouveau. Nous avons juste essayé d’innover en nous inspirant de choses qui avaient été faites ailleurs », indique le docteur Wargon, en précisant que ces nouvelles méthodes reposent sur le concept du « lean management », utilisé dans le monde de l’entreprise pour rationaliser l’organisation du travail.
Polyvalence
Ce dispositif est constitué de plusieurs principes forts. « Le premier est celui de la polyvalence. C’est la raison pour laquelle, dans mon service, il n’y a pas de séparation entre la médecine et la chirurgie. Nous avons aussi instauré trois zones différentes pour les patients de forte gravité, de faible gravité et le circuit de médecine générale (fast track) », indique le Dr Wargon. « Un autre principe, vraiment intangible, est le fait de ne jamais avoir un seul patient dans les couloirs, poursuit-il. Et je dois reconnaître que cette consigne est bien appliquée par le personnel soignant qui, ainsi, sait toujours où sont les patients. Cela permet aussi d’avoir, à l’intérieur des urgences, une ambiance nettement plus calme et sereine même quand l’activité est très forte ».
Le service dispose de trois salles d’attente. La première est celle située à l’accueil, où les patients attendent avant de pouvoir entrer dans les urgences. Ensuite, il y a une salle d’attente « assise » située dans la zone pour les patients à faible gravité et une salle d’attente « allongée » dans la zone de forte gravité. « On essaie de perfuser les patients le moins possible et de les rassoir dès qu’on peut le faire. On part du principe que la plupart d’entre eux vont rentrer chez eux et qu’il n’y a donc aucune raison de les laisser allongés si cela n’est plus nécessaire. Une fois assis, le patient peut aussi aller aux toilettes à la radio tout seul, ce qui permet de libérer du temps soignant », souligne le Dr Wargon.
Encombrement de l’aval
Cette organisation permet de réduire le temps de passage sans toujours réduire l’encombrement, problème récurrent aux urgences et principalement lié à l’aval et à la sortie des patients, surtout ceux qui sont âgés. « Comme ailleurs, notre principale difficulté est de trouver des lits disponibles pour faire monter nos patients dans l’hôpital. Notre établissement est un peu sous-dimensionné pour notre activité puisqu’il compte 200 lits d’adultes pour 41 000 passages aux urgences. Mais l’hôpital joue le jeu et, même si nous essuyons parfois des refus, on arrive quand même à placer nos patients âgés dans tous les services. Nous avons aussi quelques cliniques privées dans les environs qui, elles aussi, jouent plutôt le jeu », souligne le Dr Wargon.
Un autre objectif, constant, est de se mettre en position de prendre des décisions rapides pour orienter les patients. « Nous avons deux transmissions très protocolisées le matin et le soir avec un arrêt de l’activité dans tout le service. Les transmissions ne se font pas de gré à gré mais au sein d’un staff. Chacun sait qui prend tel ou tel patient et on veille à prendre des décisions le plus tôt possible. En période de forte affluence, on prévoit deux autres transmissions, avec juste les médecins, avant et après le déjeuner », précise le Dr Wargon.
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Dans mon service, il n’y a pas de séparation entre la médecine et la chirurgie
Les transmissions ne se font pas de gré à gré mais au sein d’un staff
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