Selon la définition de la HAS, un accident ischémique transitoire (AIT) est un épisode bref de dysfonction neurologique due à une ischémie focale cérébrale ou rétinienne, dont les symptômes durent typiquement moins d’une heure, sans preuve d’infarctus aigu. Cette définition sous-entend que l’imagerie cérébrale soit réalisée.
« Cette dernière notion est intéressante, souligne le Dr Yann L’Hermitte (SAMU 77). En effet auparavant, devant des signes cliniques transitoires d’AIT, le scanner sans injection était normal. On s’est aperçu qu’un certain nombre de ces patients ont une petite image de lésion visible à l’IRM, qui est en quelque sorte un petit infarctus mineur. Le problème est que nombre structures d’accueil ne possèdent pas un accès facile à l’IRM… ».
Un AIT peut survenir dans le territoire soit carotidien soit vertébrobasilaire, avec à chaque fois des signes spécifiques et évocateurs. Dans le premier cas, il se manifeste par des troubles du langage, un déficit focal structuré, éventuellement une cécité monoculaire. En cas d’atteinte vertébrobasilaire, il s’agit de tableaux à bascule, avec des troubles moteurs ou sensitifs qui sont uni- ou bilatéraux, éventuellement une hémianopsie latérale homonyme. En revanche, le diagnostic peut parfois sembler difficile devant des signes frustes. A contrario, une perte de connaissance isolée, de petits malaises, des troubles de la mémoire isolés, des troubles de la vigilance, des paresthésies, voire une vision double isolée sont moins évocateurs.
Le vertige, quant à lui, pose assez souvent des problèmes d’orientation initiale et on pourrait retenir qu’un vertige isolé de novo sans syndrome vestibulaire associé doit pousser le praticien à proposer son patient à un neurologue.
Il est important de savoir que 10 % des patients qui font un AIT présenteront un infarctus cérébral dans les trois mois, dont la moitié dans les 48 heures. Le score ABCD2 permet d’évaluer ce risque, qui peut être de 1 % à 48 heures pour un faible score et de 8 % en cas de score élevé. En outre, les AIT vertébrobasilaires sont mal appréciés par ce score.
L’imagerie est incontournable pour poser un diagnostic. Une hémorragie cérébrale peut en effet être responsable de syndrome clinique transitoire, même si cette situation est beaucoup plus rare. « L’IRM permet de compléter l’évaluation du risque d’AVC, par la recherche d’une occlusion artérielle ou d’une lésion parenchymateuse dont la révélation signe une majoration très nette de ce risque, précise le Dr L’Hermitte. Quoi qu’il en soit, la suspicion d’AIT doit imposer le contact en urgence avec une unité neurovasculaire de référence pour définir la conduite à tenir ».
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10% des patients qui font un AIT présenteront un infarctus cérébral dans les trois mois,
dont la moitié dans les 48 heures
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