Même si les généralistes ont été un temps écartés de la prise en charge des patients suspects de Covid-19, cela ne les a pas empêchés de réagir, s’organiser, quel que soit leur mode d’exercice, et tout cela sans attendre les recommandations des autorités, un temps absentes. C’est cette réactivité et les problèmes rencontrés qu’a explorés l’enquête Flash en MG, présentée en avant-première lors de la session plénière du collège modérée par le Pr Serge Gilberg, médecin généraliste, professeur à l’université Paris-Descartes et vice-Président du Collège de médecine générale (1). Elle illustre à quel point les généralistes ont fait face, même seuls à bord, avec ténacité et créativité, alliées à un sens organisationnel remarquable.
Ils ont aussi été nombreux, pour en savoir plus sur cette nouvelle maladie, à mettre en place des études observationnelles destinées à préciser les caractéristiques cliniques et le pronostic des patients ou porteurs vus en médecine générale, comme l’a illustré une session rassemblant quelques-unes de ces initiatives (2).
Au début du confinement était la pénurie
L’enquête Flash explore l’organisation des généralistes après la phase 3 (OMS), où ils ont été ré-impliqués dans la prise en charge du Covid sans être toutefois accompagnés par des recommandations — encore absentes — émises par les autorités sanitaires. Ils étaient donc alors bien seuls… Comment ont-ils fait face ?
Au total, 5 500 mg ont répondu à l’enquête (11 % de ceux en exercice). On a un peu plus de femmes (54 %) et de jeunes (âge moyen 46 ans) qu’en population traditionnelle de MG, mais aussi plus d’exercices groupés avec 20 % d’exercice en cabinet isolé, 41 % en cabinet mono-professionnel et 40 % en pluriprofessionnel, dont bonne partie en maison de santé. « Leur adaptation à la pandémie a été variable en fonction du type d’exercice, les cabinets groupés se sont plus adaptés », résume le Pr Olivier Saint-Lary (Paris).
Au total, 16 % des MG n’avaient plus de masques au moment de l’enquête, du 14 au 21 mars (première semaine du confinement) — ils étaient encore plus souvent démunis en cabinet isolé —, 25-30 % seulement avaient des lunettes de protection et très peu disposaient de sur blouses (20-25 %). En revanche, les trois quarts (75 %) avaient un thermomètre frontal externe.
Comme les masques, les solutés alcooliques faisaient souvent défaut. Ils n’étaient disponibles que dans 40 % des cabinets isolés et 50-60 % des cabinets groupés.
Plus de 80 % des MG en cabinets groupés avaient pu adapter l’organisation du cabinet et près de 78 % en cabinet isolé. De nombreux MG, sans pour autant augmenter leur activité, avaient modifié leur mode d’exercice, surtout dans les cabinets groupés pluriprofessionnels ; ce n’était pas le cas dans les cabinets isolés.
Au total, plus des deux tiers des MG ont donc adapté leur organisation malgré l’absence, à cette époque de recommandations. Et cela dans un contexte de difficulté d’accès aux matériels de protection. Chapeau bas l’artiste !
Post-confinement, une activité durablement modifiée
L’enquête Flash a été renouvelée lors du déconfinement, entre le 11 et 20 mai. Plus de 3 500 mg ayant déjà participé à la première enquête ont répondu, soit près de 7 % des MG Français en activité.
Elle montre que les masques sont bien plus souvent disponibles à cette époque. On est à 100 % pour les masques chirurgicaux… Mais moins de 80 % en FFP2, moins de 30 % de surblouses et moins de 50 % de lunettes de protection.
Le niveau d’activité globale a baissé dans quasi tous les cabinets, seuls 25 % ont conservé un niveau d’activité identique à l’avant Covid et 6 % ont vu une hausse d’activité.
Les actes liés au Covid (suspicion, cas contact…) sont rares. Plus de 75 % de MG ont vu moins de cinq patients suspects de Covid dans la semaine.
Quant à la téléconsultation elle a été largement adoptée par ces MG : 90 % en font par téléphone, 75 % par visiophonie. Mais elle représente peu d’actes : 1 à 5/jour avec, sans facturation une fois sur deux par téléphone, contre 100 % de facturation par visiophonie.
Parmi ces MG qui ont adopté la téléconsultation, 60 % comptent la poursuivre, surtout les maîtres de stage en MG, quel que soit leur âge. Quant à la réorganisation du cabinet, elle passe désormais essentiellement par des tranches horaires dédiées, parfois aussi des espaces dédiés et plus rarement par des visites à domicile (5-10 %).
(1) Session plénière du Collège « Prise en charge du Covid en MG » (2) Session « Impact de l’épidémie de Coronavirus sur les patients »
Sessions « Fake news », « Téléconsultation », « Numérique et jeunes médecins »
Article précédent
Ces troubles dont ils ne parlent pas
Article suivant
La lutte contre l’alcool en mal de preuves
Anticiper plutôt que subir les ruptures
Le cancer des fake news
La Prep arrive en médecine générale
Peu d’outils face à la violence
Dans la jungle de la tech
Les clefs pour une décision partagée
La gynécologie de terrain
Ces troubles dont ils ne parlent pas
Des généralistes seuls à la barre face au Covid
La lutte contre l’alcool en mal de preuves
Repérer tôt les troubles du développement
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?