Au CHU de Strasbourg, la prise en charge des victimes de violences (conjugales entre autres) est coordonnée à partir du pôle de gynécologie obstétrique depuis 5 ans, et elle s’accélère aujourd’hui. « La grossesse et la naissance d’un enfant sont des moments clés de la vie d’une femme au cours desquels beaucoup de choses ressurgissent, décrit le Professeur Philippe Deruelle chef du pôle gynécologie obstétrique, c’est à cette occasion que nous essayons de repérer les victimes. »
Apprendre à tendre la main
Cette année, le CHU met en œuvre un plan de formation des soignants (médecins, infirmiers, sages-femmes) pour qu’ils apprennent à poser la question et à tendre la main aux victimes. Aujourd’hui en effet, ils sont encore trop peu nombreux à aborder le sujet. La formation qui débute a pour objectif à terme de former les 400 praticiens du pôle gynécologie obstétrique de l’hôpital.
Un parcours de prise en charge multiforme est ensuite proposé à ces femmes. « Nous ne sommes quasiment pas dans le soin direct avec par exemple l’intervention d’une psychologue, de la sophrologie, de l’ostéopathie, de la méditation et pourquoi pas aussi du théâtre en lien avec une association… le but étant de les aider à se réapproprier leur corps. »
Médecine légale
Autre école, au CHU de Nancy, où la prise en charge des victimes de violence conjugale se fait à l’institut de médecine judiciaire (IMJ) avec une consultation spécifique. « Nous nous sommes basés sur les recommandations de la circulaire de 2010 confirmée en 2012, qui prévoyait que les victimes soient vues par un médecin légiste et une infirmière », décrit le docteur Laurent Matrille, chef de service de médecine légale.
Les femmes qui sont prises en charge ici sont toutes adressées par la police après avoir déposé plainte. Sur les 5 000 victimes soignées chaque année dans le service 400 à 500 ont subi des violences conjugales. Elles sont reçues par une infirmière formée à la victimologie qui évalue les besoins et propose une formation juridique et psychologique ; puis examinées par le médecin légiste. « À Nancy, nous insistons sur le fait que le rapport du légiste doit comprendre des données physiques et psychologiques, insiste le docteur Matrille. Chaque année un petit nombre de victimes arrive adressées par leur médecin traitant. Elles sont alors reçues par un binôme infirmière/psychologue, puis par un médecin avant de se voir proposer une prise en charge psychologique », décrit Célia Zaffaroni, la psychologue de l’IMJ. À Nancy cette prise en charge pluridiscplinaire se fait dans la maison de victimologie et en lien avec le réseau d’associations locales. « Le dispositif devrait être identique partout en France, mais dans les faits « ce guichet de médecine » ne fonctionne que dans les grands centres dotés d’un IMJ dans une trentaine de villes », estime le médecin.
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